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Du 7 septembre au 7 novembre 2011, le musée Guimet propose une exposition qui présente C.G. Jung et sa pensée psychologique, à la lumière de la publication récente et inédite de son Livre Rouge, qui contient la cosmologie sur laquelle repose l’essentiel de son oeuvre.
L’intérêt qu’on porte à la compréhension d’une personnalité, au sens d’une personne notoire par l’oeuvre matérielle ou immatérielle qu’elle laisse derrière elle, qu’elle soit contemporaine ou disparue, ne saurait se contenter d’une présentation linéaire de sa biographie et de ses oeuvres. Pour aller plus loin il faut, pour emprunter à Deleuze des termes qu’il applique au désir, chercher à dérouler le paysage que cette personnalité enveloppe, et construire un agencement, agencement qui est essentiellement constitué d’états de choses, d’énonciations, de territoires et de mouvements de déterritorialisation. J’avance que la première partie de l’exposition que consacre le musée Guimet à C.G. Jung et à son Livre Rouge propose une découverte du père de la psychologie analytique sous la forme d’un parcours au coeur d’un agencement.
On apprend ainsi en parallèle quels sont ses maîtres, inspirations, symboles, lieux de vie, et décorations de ceux-ci et de son cabinet, qui font aussi sens. Une part importante est aussi dévolue à la présentation du processus de création employé et préconisé par Jung comme méthode psychothérapeutique, l’imagination active. Plus qu’une méthode destinée à seulement traiter les patients, elle se veut un moyen d’approfondissement et de développement de la personnalité. L’inspiration bouddhiste de Jung est déjà présente : l’enseignement du Bouddha a pour thème central la guérison de la douleur grâce à un développement suprême de la conscience. C’est cette méthode, appliquée par Jung à lui-même, qui lui fournira une matière extrêmement riche, une pensée-éclair avec toute la concentration de l’affect, qu’il lui faudra une vie pour mettre en forme, ramener à la vitesse beaucoup plus lente du concept, rendre plus intelligible par le jeu mêlé du langage et de la représentation, et notamment du mandala.
La seconde partie de l’exposition présente ainsi moins Jung et son Livre Rouge qu’elle n’exploite les fonds (impressionnants et déjà appréciés par le psychologue en son temps) du musée Guimet, pour proposer une introduction au bouddhisme ésotérique omniprésent dans l’oeuvre de Jung. Par son utilisation des mandalas, notamment.
Les mandalas sont répandus dans le monde entier et dans les traditions religieuses les plus diverses. Ils se manifestent aussi spontanément dans les rêves et dans certains états de conflit psychique.
Jung possédait ainsi dans son cabinet une reproduction du mandala de Yamantaka. Dans la salle d’attente, c’était un buste de Voltaire, repris lui aussi dans l’exposition, qui accueillait les patients avec son regard ironique de vieux cynique. L’exposition mentionne aussi, en s’y attardant moins que sur le bouddhisme, l’influence alchimique qui est aussi à l’oeuvre.
L’alchimie représentait la projection d’imaginations inconscientes en des procédés matériels, et elle dépeignait symboliquement le processus d’individuation.
Je recommande à tous cette exposition, novices comme amateurs de la pensée de Jung et de l’art religieux bouddhiste. Un seul demi chapeau manque : la seconde partie de l’exposition est plus difficile à aborder que la première, et plutôt chargée en notions difficiles à organiser pour qui manque de rudiments en bouddhisme.
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