Spinozismes

J’ai beaucoup écrit sur les expositions. J’ai envie à présent de parler de mes curiosités.

Pour être rigoureux, pour ce premier morceau d’un nouveau journal virtuel (c’était ça, un blog, un web log), j’aurais dû commencer par le temps passé à fréquenter la voix de Gilles Deleuze.

Mais peu après la découverte de ses cours sur le cinéma, j’ai écouté son cours sur Spinoza. J’avais, il y a des années, acheté le traité théologico-politique, mais je dois vous l’avouer, je ne l’avais pas lu.

Deleuze a eu le grand talent de me rendre l’Ethique vivante et passionnée. Et ce n’était qu’un début. C’était l’appel à s’élever jusqu’à un deuxième, à un troisième genre de connaissance : d’une connaissance inadéquate jusqu’à une compréhension de l’essence de soi, des autres, du monde. Une exhortation à comprendre qui me touchait au plus profond.

Mais le texte de l’Ethique me reste intimidant, il reste une masse sombre autour de laquelle je gravite sans m’en approcher de trop près. Je l’ai : je me suis offert les oeuvres complètes de Spinoza à la Pléiade… chacun ses vices. Je ne l’ouvre à chaque fois que brièvement.

Dans ma trajectoire orbitale, j’ai cependant rencontré quelques textes sur Spinoza et son oeuvre, comme autant de rayons qui pourraient finir par me faire converger vers le texte.

Bien sûr, le premier texte de commentaire que je me suis procuré était Spinoza. Philosophie pratique par Deleuze, l’ouvrage associé au cours, mais qui reste moins accessible que celui-ci.

Le suivant est un roman : celui du psychiatre américain Irvin Yalom : Le Problème Spinoza. Il vous faudra patienter pour que je puisse légitimement en parler puisque je n’en ai lu que le tiers, mais un tiers particulièrement prometteur dans sa manière d’introduire en parallèle la pensée de Spinoza et l’histoire de la psychanalyse.

Ma dernière découverte n’est ni un essai, ni un roman, mais une pièce de théâtre, New Jerusalem de David Ives, et son adaptation radiophonique sur France Culture diffusée dans l’émission du 25 octobre 2015 de Fictions – Théâtre et compagnie.

La Nouvelle Jérusalem, c’est le récit de la journée du 27 juillet 1656, quand Spinoza est frappé d’excommunication de la communauté juive. David Ives imagine le procès fait au juif portugais à la synagogue d’Amsterdam, face au rabbin et à un des maîtres de la ville.

En ce jour, celui qui était בָּרוּךְ, Baruch, Bento, Benedictus, le béni, l’élève prodige du rabbin Saul Levi Mortera, est surtout Spinoza, Espinosa, l’épine, dans le pied d’Abraham von Valkenburgh. Le jeune philosophe ne se gêne pas pour diffuser sa pensée qui ne convient pas à ses contemporains : face aux dogmes et aux interprétations faites de la Torah, face aux miracles et à ce qu’il appelle des superstitions, il revient méthodiquement et inlassablement à ce qui se trouve dans les Ecritures, rien de plus ni de moins. Il pourrait même déstabiliser les chrétiens de la ville. On l’accuse d’être athée, il s’en défend ; son désaccord avec ses pairs et ses pères ne porte rien moins que sur la nature de Dieu. Et derrière le débat passionné, au-dessus des autres protagonistes, on lit entre Saul et Bento un lien comme celui qui pourrait se jouer entre un père et son fils.

Je vous recommande chaleureusement de podcaster cet épisode… et de rester attentifs aux fictions radiophoniques produites par France Culture !

Je m’arrête là pour ces premiers pas de curiosité autour de Spinoza : d’innombrables chemins peuvent être empruntés à partir de là. Les premiers m’ont déjà poussé à ouvrir quelques livres pour mieux connaître le judaïsme, comprendre un peu d’hébreu… A suivre.

Ceux qui ont connu mes précédentes publications auront noté que j’aborde quelque chose de très différent, qui dévoile ma passion de creuser, un mode d’écriture dans lequel je fais violence à mon penchant vers la publication d’objets, pour ainsi dire, complets.

J’aimerais sincèrement, pour ces textes que je vois vraiment comme des propositions d’échange, avoir des réactions, des commentaires, des compléments. Venant d’amateurs comme moi, sur les sujets que j’aborderai ou sur tout autre qu’ils pourraient évoquer, ou venant d’amateurs plus éclairés ou de spécialistes qui pourraient me faire avancer ou me donner de nouvelles pistes.

Merci !

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