Notre cher musée de Cluny nous accueille avec, épars, des têtes, des bras, des jambes, des pieds. Mais rassurez-vous, rien de dégoûtant là-dedans : ces membres sont des reliquaires, anthropomorphes donc, en métaux précieux, ornés de pierres qui ne le sont pas moins. Des objets de culte fabriqués par les plus fins artisans croates du IXe au XIVe siècle, et qui nous sont exceptionnellement parvenus, échappant à la refonte qui a concerné de nombreux autres objets sacrés.
Mais, vous demandez-vous, pourquoi créer tous ces reliquaires, à quoi peuvent-ils bien servir ? L’Eglise est bien de votre avis : l’histoire des cultes des reliques est opposée à sa volonté. Pourtant, la croyance en la puissance magique des restes des saints est bien ancrée. Dès les premiers siècles de la chrétienté, malgré l’intangibilité officielle des saints restes, la demande croît. Comment satisfaire ces demandes de plus en plus nombreuses provenant de régions de plus en plus éloignées ? Il faut morceler, distribuer, fragmenter. Alors les évêques dynamitent, dispersent, ventilent, façon puzzle, même si le principe d’intangibilité reste une règle pour plusieurs siècles. Mais quand, ensuite, la demande explose, l’offre doit suivre : l’Eglise abandonne l’intangibilité, et comme ça ne suffit pas, il faut passer à des reliques représentatives, non corporelles, sanctifiées par un contact prolongé avec le corps ou près de la tombe. C’est ainsi qu’une sandale pourra devenir une relique.
L’exposition, si elle n’occupe que deux salles, renferme des trésors pour tous les goûts : de la mitre bling-bling de l’évêque Gyula avec ses 2000 à 3000 perles sur soie et fil d’argent, ornée de pierres précieuses, au parchemin de la métaphysique d’Aristote commentée par Thomas d’Aquin (Oui, vous avez bien lu. Moi, c’est mon clou de l’expo. Le genre qu’on regarde avec insistance pour le fixer dans sa mémoire.), vous trouverez forcément de quoi, vous aussi, vous émerveiller.
Je vous propose de relever le défi que j’ai proposé aux étudiants de l’Ecole du Louvre qui m’accompagnaient lors de la visite. Une vitrine contient deux reliquaires de bras fabriqués à plusieurs siècles d’intervalle. Le second est sur le modèle du premier, mais saurez-vous retrouver lequel a été fabriqué en premier ?
Oh, et pendant que vous êtes au musée de Cluny, n’oubliez pas d’aller voir l’exposition Art du jeu, jeu dans l’art, que je chroniquerai bientôt !
Et ils s’émerveillèrent
du 10 octobre 2012 au 7 janvier 2013
au musée du Moyen-Âge de Cluny
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