Une fantastique ville magique

Le musée d’art moderne, contemporain et brut de Villeneuve d’Ascq, près de Lille (le Lam) propose en ce moment une exposition extrêmement intéressante dans le cadre de Lille 3000 dont le thème est cette année le fantastique. En résonance avec l’exposition du CMN à Paris, le sujet est proche de l’architecture ou de l’urbanisme, mais traité sous un angle sociétal de la représentation. Au Lam, l’exposition s’intitule « La Ville magique« .

La force de cette exposition très complète est de traiter d’une continuité d’un regard sur la ville, du point de vue d’un flâneur baudelairien qui se transforme en enquêteur benjaminien qui découvre la modernité des passages parisiens. Trois villes constituent le terrain de ce qui se présente quasiment comme une étude sociologique : Paris, Berlin, New York. Elles permettent de traiter de destins presque universels au fond, avec une ville qui se construit et s’invente, une ville qui vit des bouleversements et une dernière qui bégaie, se stabilise mais s’explore et cache des identités marquées, multiples.

On évolue d’ailleurs de manière imperceptible à travers ces différentes conceptions avec des artistes dont on est bien obligé de constater qu’ils ne sont pas de grands noms, des œuvres qui ne sont pas des chefs d’œuvre ; mais il y a des exceptions, et nous pouvons constater que les œuvres sont globalement d’une grande qualité. La section autour de Métropolis m’a particulièrement plue, car du film aux peintures en passant par les photomontages et les affiches, elle est d’une grande cohérence et on y lit l’évolution du rapport à la ville dans un mouvement presque déshumanisant où la crainte défie à l’admiration.

La Ville Magique, vue de l'exposition
La Ville Magique, vue de l’exposition

La dernière partie est extrêmement bien menée aussi, où l’on retrouve l’humain sous une couche de mystère, où les indices d’une vie dans la ville sont à découvrir sous les apparences parfois trompeuses. Un propos féministe se lit en filigrane, traitant sans lourdeur et de manière à mon sens tout à fait pertinente de la personnification féminine de la ville et des vices.

La sortie de l’exposition par cette section permet de plus au visiteur d’être acteur du regard qu’il porte. Les extraits de films noirs le rapprochent de son quotidien et entrainent l’œil à effectuer une transition entre l’intérieur et l’extérieur de l’exposition. Celle-ci ne se cantonne pas aux murs du musée… La ville magique du Lam se mélange à la ville fantastique de Lille 3000. Encore quelques semaines avant de rater ce monument !

Actuellement chargé de projets numériques au Centre Pompidou, je m’occupe également à titre indépendant de formation et de conseil en stratégie numérique. Vous pouvez retrouver mes articles sur http://www.veculture.com

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