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Du 16 juin au 28 août 2011, le département de la publicité du musée des Arts Décoratifs (qui n’est semble-t-il pas le mieux doté financièrement) propose l’exposition La publicité recycle l’Histoire, qui interroge l’utilisation des références historiques dans la publicité. Presque une bonne idée sur le papier, un ratage presque total dans l’exposition.
Tout avait très bien commencé. J’avais retrouvé des amis du milieu muséal pour le premier opus de Un soir, un musée, un verre, une excellente initiative qui va organiser j’en suis sûr nombre d’agréables soirées. La nocturne au programme : le musée des Arts Décoratifs. Passons sur l’obligation de devoir laisser son (petit) sac à dos au vestiaire quand les dames n’ont pas à laisser leur sac en bandoulière. Sachant qu’il est conseillé de ne pas laisser au vestiaire papiers, chéquiers, cartes ou autres objets de valeur. Très, très pratique, surtout quand on compte prendre des notes. Mais soit, tout cela n’a rien à voir avec l’exposition.
Le tarif est de 9 € pour accéder à la fois à la collection permanente et aux expositions qui ne sont pas dans la nef, dont La publicité recycle l’Histoire. Pour voir l’exposition l’Art de l’Automobile seule, c’est encore 9 €. On sent bien qu’il y a une expo à gros budget, à gros public et à grosse communication. Les autres derrière doivent faire avec ce qui reste, on va le voir…
Nous entrons finalement dans l’exposition. Le discours du panneau introductif est celui d’un sociologue, dense et rapidement rébarbatif pour le visiteur lambda, mais indéniablement instructif.
Et, tout à coup, plus rien. Dans cette vaste première salle, aucun mur ne porte de cartel. Pourtant, de nombreuses affiches publicitaires y sont placardées avec une volonté clairement thématique mais sans aucun ordre chronologique décelable. Les affiches sont présentées sous de grandes plaques de plexiglas brillant dont les reflets chatoyants sont tout à fait inappropriés, et sont maintenues en place par des aimants, certainement par souci de conservation. Un souci qui n’était semble-t-il pas celui du musée de l’Affiche, qui jouait de son tampon à des endroits judicieusement visibles du recto des pièces de son fonds. Cocasse.
Dans la première salle, on peut encore s’asseoir et mettre un casque pour regarder des pages de publicité sans aucune autre forme de médiation que la liste de marques au programme. Pour voir des archives de pubs sans commentaires, inutile de payer l’entrée dans une exposition…
Parlons de la scénographie, ou de son absence. Je crains fort que le département de la publicité ne soit le parent pauvre de la maison Arts Décoratifs, et sur ce plan je voudrais à la fois excuser les imperfections, et alerter le musée. La première salle est d’un bleu nuit dont la peinture n’est pas uniforme, je pense qu’elle n’est pas adaptée à chaque exposition. Le couloir est couvert de métal, un cache-misère on dirait, vu que les salles sont au naturel, c’est-à-dire comme des pièces jadis belles, avec des moulures, mais dans un état de décrépitude avancé. Il y a là un contraste avec le faste de l’exposition l’Art de l’Automobile qui me scandalise.
Qu’en est-il de ce qui relève des choix faits pour cette exposition ? Nous avons finalement trouvé des textes explicatifs : le texte qui devrait se trouver sur des cartels est en fait rassemblé sur de grandes fiches plastifiées disposées dans des bacs, dans chaque salle. Pourquoi pas. Le problème, c’est que la grande majorité des visiteurs ne les prennent pas, ces fiches, et ne voient comme contenu que les panneaux de rappels historiques aussi légers que des manuels scolaires et sans indices sur les publicités affichées.
On aurait pu imaginer tellement de choses avec les archives utilisées pour cette exposition. Pour une fois, tellement de partenaires privés auraient légitimement pu participer, aussi bien des annonceurs que des agences de publicité. On aurait pu regrouper les publicités selon leurs manières de porter les messages et d’illustrer les images de marques en analysant l’évolution des figures de styles et des couleurs, on aurait pu décrypter les étapes de leur construction, diffuser des interviews de concepteurs-rédacteurs et de responsables des marques, et j’en oublie… Instruire, et ne pas se contenter de montrer.
Pour avoir connu Les Arts Décoratifs de près quelques temps, je confirme que ton intuition n’est pas éloignée de la vérité quant à la répartition budgétaire des collections et des expos. Le pire c’est que ça saute aux yeux, même pour les visiteurs lambda… En ce qui concerne l’architecture (le couloir de métal, appelé couramment « la rue », les salles du XVII°s ambiance « Palais de Tokyo ») est l’oeuvre de nul autre que Jean Nouvel même si, étrangement, l’aménagement des collections de la Publicité est rarement cité dans son pédigrée. Je n’ai pas encore vu l’exposition, je pense un faire un tour ce weekend avant la fermeture, mais j’ai bien peur de partager ton avis…