Du 12 février au 15 mai 2011, la Maison Rouge héberge l’exposition événement Tous cannibales et se propose d’explorer le concept de la dévoration à travers l’histoire de l’art.
La commissaire Jeanette Zwingenberger présente dans cette exposition, en réponse à un corpus d’ouvrages, textes enluminés et gravures anciennes évoquant le diable, les sorcières, des divinités ou tribus anthropophages, une sélection d’œuvres contemporaines réalisées par une jeune génération d’artistes dont les oeuvres (photographies, vidéos, installations, sculpture, dessins, peinture) témoignent de la présence persistante quoique métamorphosée de la notion de dévoration. On notera par exemple l’idée pertinente du dialogue sur le thème de la mère nourricière entre des photographies de Bettina Rheims et un tableau de vierge à l’enfant.
Les questions posées par l’exposition sont nombreuses : l’individu comme sujet anthropophage en même temps que comme produit comestible, la dévoration comme moyen d’incorporation d’autrui, une dévoration donc symbolique de l’autre dans la construction de soi,… La piste de réflexion est donnée par la citation de Claude Lévi-Strauss en exergue de l’exposition : « Nous sommes tous des cannibales. Après tout, le moyen le plus simple d’identifier autrui à soi-même, c’est encore de le manger. ». Toutefois, on aurait souhaité trouver un peu plus de clés ou d’indices, de compréhension ou simplement de questionnement. En effet, même si dans sa sélection, la commissaire a évité les oeuvres les plus insoutenables, la visite de l’exposition reste une épreuve pour les âmes sensibles, et le dégoût ressenti peut devenir indépassable, empêchant malheureusement de passer du choc perceptif à l’analyse.
Pendant la même période et avec le même billet d’entrée, vous pouvez voir les installations monumentales et surnaturelles de l’artiste japonaise Chiharo Shiota dans l’exposition Home of memory. A ne pas rater.
[…] y rendre… et si votre estomac est bien accroché, vous pourrez visiter l’exposition Tous cannibales qui jouxte celle-ci. N’hésitez pas à me faire part ici de vos impressions après […]