Valérie Gho, interview

Chose promise, chose due. Je vous livre ici l’interview de Valérie Gho, l’artiste dont je vous parlais dimanche. Ses réponses portent beaucoup de force et d’émotion, je la remercie encore de me l’avoir accordée.

Place à l’interview.

Bonjour, Valérie ! Votre proposition d’interview par mail me ravit. Si seulement j’avais un camescope, il pourrait y avoir gestes, visage et voix sur vos mots, ce serait une plus-value immense…

(sourire)

… mais je ne saurais peut-être pas conduire une interview en temps réel.

La meilleure des interviews ce serait peut être une conversation. Ce serait comme en peinture, un échange libre, sans conduite ni gestion. Après grâce au magnéto ou à la caméra on pourrait relire, revoir et découvrir comme devant un tableau fini et comprendre ce que l’on n’avait pas vu la première fois. Il existe des écoles de journalisme donc forcément une « méthode » d’interview. J’ai du mal avec les modèles et je préfère vos doutes s’ils se mêlent à l’action. Vous ferez des interview en direct, vous en ferez, il faut juste vous ménager le temps et l’espace propice, ce qui n’est pas le cas d’un vernissage, mais vous en ferez sur plein de sujets, je vous y encourage. En direct, il y a l’imprévu et l’improvisation et surtout la spontanéité et surtout les corps physiques. C’est à dire l’énergie des personnes, l’attraction, la répulsion, la séduction. Dans mes écrits, il se pourrait bien qu’il y ait plus d’authenticité, ça je le sais, c’est ma quête.

Il m’est difficile de choisir des questions pour une interview, disons, « classique ». Comme je vous l’ai dit je n’ai pas vraiment de connaissances dans les Beaux-Arts… (je suis de formation purement scientifique)

Moi non plus pas beaucoup.

Je suis très touchée par les oeuvres d’Icon Tada, ces images sont le fruit de données mathématiques, il n’est pas le seul à utiliser les « maths » mais il est le seul dont les peintures me touchent. Elles sont, pour moi, du merveilleux.

… je ne fais que me laisser emporter par ce que j’éprouve face aux oeuvres et aux artistes.

Vous regardez avec votre coeur et je crois que vous avez raison.

Aussi, j’aurais des milliers de questions à vous poser, mais je vais tâcher de limiter. D’abord, ce qui m’a marqué, avant même de voir vos oeuvres, c’est votre chemin, et surtout ce moment où vous avez quitté le travail à Paris dans les media pour vous consacrer à vos créations. Comment est venu ce départ, ou plutôt ce retour ?

Parce que je mourais. C’est la plus forte des raisons, n’est-ce pas. C’est une errance qui a duré très longtemps. C’est la séparation d’avec soi même, qui se produit plus ou moins violemment et que tout le monde est amené à connaître dans notre société occidentale et pour cette époque. C’est la séparation d’avec soi même par la construction d’un être social qui répond, dès la toute petit enfance, aux attentes et aux désirs extérieurs. Je me suis construite ainsi en étant un « être de réponse » aux autres et en m’oubliant moi même. Je me souviens d’avoir fait ce choix terrible mais unique de « prostituer » mon âme pour faire survivre mon corps et pour me fondre dans la masse. Puis vint l’école des Beaux-Arts où je croyais trouver la Liberté que je chercher. J’y ai connu le même sectarisme, le même enfermement, la même injustice qu’à « l’extérieur » et aussi de belles exceptions. J’y ai vu le miroir de ce que j’étais moi même, enfermée, prisonnière de ce qui était mon armure, cérébrale, inhibée, emmurée, impuissante. Alors j’ai fuit vers la Capitale en quête de gloire et d’une place à trouver, pour moi Marseille était comme une salle d’attente. Je n’ai plus touché un pinceau pendant 10 ans. Pendant 10 ans j’ai fait plein de métiers. De l’hôtesse d’accueil, sur son carré de moquette, qui dit « à votre droite vous avez le vestiaire et les toilettes sont sur la gauche », qui se glace les os dans son petit tailleur noir avec ses escarpins noir et ses bas noirs devant la porte grande ouverte du pavillon Gabriel. C’est décembre, c’est Paris et le noir ne me va pas du tout. En passant par le boulot de « bluff » où je tremble, assise à mon bureau, devant mon téléphone et ma liste de prospects car non, bien sur que non, je ne suis pas une commerciale. Au job à la prod TV… non merci je ne rempilerai pas. Les fiches à préparer pour le présentateur, le visionnage et découpage de séquence d’émissions, la gestion des candidats avant le passage à l’antenne, non merci. Pourtant je sais, ce job est presque enviable, il y a la télé dans les bureaux en permanence. Mais je m’en vais pour ce poste incroyable d’assistante de direction de patron de radio FM obtenu, ma foi, peut être parce que j’ai un joli minois, sinon je ne vois pas pourquoi. Je ne connais rien au secrétariat, encore moins à la direction, je ne sais pas vraiment me servir de l’ordi à l’époque et j’apprends tout sur le tas. Je suis jalousée par la petite amie du boss dont je me fou éperdument. Je suis quelqu’un de gris qui aspire au camouflage qui ne respire que quand elle est invisible et qui là est en première ligne. Je me suis écrit, sur un petit bout de papier, quelques mots à lire lorsque je répond au téléphone car dans l’émotion il m’arrive de ne plus savoir. J’ai écrit « S… bonjour ». Je pleure tous les soir en rentrant chez moi, mais je sais, depuis que je suis enfant, je sais, je peux survire à tout, je peux apprendre de tout, je pars bien sur. Après S… j’ai connu l’ANPE et des mois de douce léthargie canapé-télé-ménage-rêverie-dormir-ne-plus-sortir. Je fais une tentative de bijoux, oui c’est vrai, c’est drôle, je me souviens, sur la table du salon avec des matériaux comme du plâtre. Et comme toujours la même petitesse, le même esprit si obsessionnellement fermé, la même souffrance. Et puis, au détour d’une case « intérim », une agence de pub devient mon employeur. Pour ce poste, dont ma chef disait qu’il m’ennuierait très vite et que je le quitterai bientôt, parfois les autres savent qui vous êtes avant vous, pour ce poste donc, je me suis battue, j’ai enfoncé des portes. Je ne savais pas encore qu’une porte qui se ferme vous ramène sur votre propre chemin et vous sort de l’égarement,. Je me suis donc égarée quelques années encore, quand ma psy me posa la bonne question. « Valérie, en vous disant que tout est possible, sans penser ni réfléchir au faisable, dites moi, quel métier aimeriez-vous faire ? « . J’ai répondu « actrice » et je suis restée avec ma réponse. C’est vrai, s’il y a un métier pour lequel je suis faite, s’il y a quelque chose que je sais faire depuis toujours, c’est ça. Actrice. Une fois cette graine germée et tout en tapant mes « reco » de pub, j’ai commencé des cours de théâtre, le soir. Je suis allée faire ce qui m’était le plus impossible à faire, être regardée par les autres. Je n’ai pas toujours réussi à poser mon masque mais j’ai connu là mes premiers instants de liberté, ce que l’on vit en vivant ses émotions. Je suis allée au bord des gouffres de ma peur et je me suis parfois envolée, ma matière et mon être commençaient d’être pétris. De cette énergie nouvelle qui m’entourait, et dont j’étais fière, je profitais pour m’inscrire, dès la fin de la première année, dans une agence de pub pour comédiens. Je me retrouvais donc dans ce même univers mais de l’autre côté, face à une caméra. Il me sembla être enfin le vilain petit canard reconnu par ses pairs. Ce métier fut le plus personnel et le plus important, par sa durée mais surtout parce qu’il m’a permis de faire officiellement ce que je faisais depuis toujours officieusement. Dans un premier temps j’ai confondu l’être et la fonction et j’ai cru être une actrice parce que j’avais toujours été une actrice. Et puis vivre ce métier au quotidien a fait se dresser des murs de peurs infranchissable et à fait s’éloigner les quelques bulles de plaisir et de libération que j’avais gouttés pendant les cours. Dire les mots des autres, être dans l’attente du choix par l’autre, me confinait toujours à l’état d’objet, état dans lequel je ne savais qu’évoluer. Cette identité d’actrice se révéla être un énième masque que je devais déposer aussi. Je commençais à renoncer à la gloire que je n’ai jamais connue, au « possible » qui accompagne les casting. Je renonçais à dire « oui » aux sollicitations, au rêve du cachet conséquent qui faciliterait ma vie et j’allais me trouver un job de vendeuse notamment dans les showrooms C… rue D…. Là, j’ai fait le boulot le plus con de la planète. Je passais mon temps à ranger les accessoires, chaussures, sacs, que d’autres dérangeaient. Objets mis en scène par la « Déco » dans un grand salon qui accueillait, tous les deux mois, les boutiques C… du monde entier. Accessoires prescrits, ces « must have » allaient se retrouver du Japon aux US en passant par Dubaï. Finalement, j’étais à nouveau une hôtesse mais en noir et beige et qui ne disait mot, tandis que s’affairaient les vendeuses et les acheteuses autour des tables croulant sous les sacs qu’elles venaient de « déranger » et que j’allais bientôt replacer exactement dans la même mise en scène de départ. Une fois passé le plaisir de la découverte de ce monde du luxe, une fois passé la curiosité et l’observation du fonctionnement de cette marque de luxe, une fois passé le réconfort du salaire le plus luxueux que j’ai connu, il ne me restait que ce sentiment de non sens absolu, cette conscience de l’acte vain et ce profond questionnement sur le sens de la Vie. A ce moment là, deux acheteuse US, je pense qu’il s’agissait de N… et B…, m’ont donné une réponse. En découvrant des bijoux que j’osais tout juste montrer à une collègue. En s’enthousiasmant au point de les acheter un peu plus tard à l’angle de la rue. Je ne me sentais pas de dealer, au sein même de cette institution du luxe, 2 pièces de mes premiers bijoux en résine. J’avais le sentiment de faire du tort à C…, allons donc. Ces deux femmes « Darling chérie » je les aime car elles m’ont donné confiance. Je me suis dit si ces femmes qui ont tous les jours le regard posé sur le Beau regardent, et achètent, mes bijoux c’est que je peux oser encore. Une autre femme que je peux remercier chez C… est celle qui m’a fait virer, un peu plus tard, quand je prenais confiance. Depuis, je sais absolument qu’une porte qui se ferme vous aide et vous guide vers votre propre chemin. Ces bijoux là étaient les tous premiers objets que je fabriquais, toutes les nuits, dans ce minuscule chez moi du 17ème arrondissement côté Brochant. Nuits que je passais à pétrir cet outil, que j’ignorais encore, c’est à dire moi-même. Cela dura une année, la nuit, au milieu de mes 5 chats et 1 chien, dans cette pièce pas plus grande qu’une table et un lit. Un chat sur les genoux, tous les autres sur le bureau, je me disais « Valérie, plus tard, quand tu seras riche et célèbre, ce sera un beau souvenir ». Aujourd’hui si je pense à cette période je sais qu’elle est la charnière avant/après. Je me souviens de ce soir ou j’ai décidé d’écouter ce qui frappait en moi, ce qui brûlait mes mains, ce, sans qui, j’aurais pu vivre en étant morte. Le soir où j’ai renoncé à faire un voyage et décidé d’utiliser l’argent du billet pour acheter des matériaux et de créer des bijoux, le soir où j’ai rejoint ma vie, ce soir où je me suis sauvé la vie. Cela dura une année d’un feu intérieur brûlant, une année d’ouverture pour accueillir cette énergie phénoménale. Cette chose qui vous nourrit au point que manger et dormir ne s’imposent plus. Cette chose qui s’exprime par tout ce qu’elle peut, la matière, les mots. Cette chose qui détruit et reconstruit ton cerveau, cette chose qui est ton maître et qui t’enseigne à travers les matériaux, qui te heurte tant que tu la heurtes, qui te poli, qui t’assoupli, qui t’affûte comme le plus précis des outils, qui te rend aussi malléable qu’une terre glaise, qui t’enseigne et qui te nourrit, cette chose est la Vie. Cette chose ne s’impose jamais elle attend que tu sois prêt à l’accueillir. La Vie est le parent parfait, je suis plus une fille de la Vie que la fille de mon père et de ma mère.


Cette énergie ne m’a jamais quitté, disons, je ne me suis plus jamais fermée à elle.


Vous voyez je fais remonter le Départ dont vous parlez à bien plus loin en arrière, ainsi est aussi le Retour

Quand je rêve de devenir artiste…

Il y a un livre dont le titre à lui seul est à entendre : « Sois ton rêve ».

… deux problèmes se posent, qui sont liés : la notoriété et le gain de suffisamment d’argent pour vivre.

Il y a deux chose importantes dont je suis consciente :


– Je suis reliée à cette énergie profonde en moi et c’est ce qui s’exprime dans mon travail et c’est la seule chose intéressante qui doit s’exprimer dans mon travail. Cce lien n’est pas acquis pour toujours mais il est toujours à acquérir. Une oeuvre d’art véhicule l’énergie de son créateur et c’est en ce sens qu’on peut parler d’Art. Que je vive cela est ma plus grande nourriture, c’est pas du discours, c’est vrai.


– La société reconnaît certains comme des « artistes ». Vous savez pour être inscrits à la maison des artistes il suffit de pratiquer dans les disciplines concernées et de … vendre. Vendre, cela signifie que quelqu’un achète et là nous parlons d’un marché, du goût de l’époque, de considérations intellectuelles, parfois de coeur quand même, de mode aussi et d’autres paramètres que je ne connais pas. Il y a des artistes reconnus qui gagnent bien leur vie, qui sont côtés et où je ne vois pas d’Art seulement de l’habileté.


Et pour être côté il suffit de payer pour s’inscrire dans les livres de Drouot ou autres.


C’est la société qui fait de vous un artiste ou un non artiste. Moi je ne suis rien, dans la solitude de mon atelier je ne suis rien, je fais, c’est tout. Ce que je fais c’est ce que je peux appeler Art mais je ne me battrais pas pour que l’on soit d’accord avec moi. Chacun peut avoir sa propre définition de l’Art. J’ai la mienne quoique dise la Société et c’est ce qui est important. C’est que j’ai replacé ma vision à l’intérieur de moi, mon centre à l’intérieur de moi. Je peux être en désaccord avec l’extérieur, ce n’est pas grave, l’équilibre se fait par l’intérieur. La Société fera de moi un artiste ou non, cela me fera une vie matérielle agréable ou moins, mais cela ne changera pas qui je suis et ce que je fais, car cela est hors les mots et hors définition. Je parle de moi mais c’est pareil pour tout le monde.


Je ne recherche pas la notoriété par contre je sais que je dois me montrer pour pouvoir être vu, je dis « me » c’est à dire mon travail, et cela pour 2 raisons. La 1ere c’est que je ne peins pas pour moi. Je vis le moment de peindre pour moi et je ne peux le vivre que seule. Là est ma nourriture. C’est là que je reçois. Après, l’objet créé, c’est à dire la trace de ce moment de vie, il n’est pas pour moi. Il doit continuer sa vie d’objet et rencontrer les gens et partir nourrir les autres (en aparté aussi : je pense que l’art et la médecine devraient être gratuits, cela implique un mode de fonctionnement de la société qui n’est pas celui que nous connaissons aujourd’hui bien sûr, mais c’est un « possible » … et c’est un autre sujet).


Il y a une intégrité que je ne veux pas perdre, pour rien au monde, si un jour je suis riche, ce que je me souhaite, je fais le vœux de garder une grande conscience de la valeur de la Vie et je souhaite même que cette conscience grandisse en même temps que ma notoriété et ma « richesse », voilà maintenant cela peut m’arriver je suis protégée :-)


Je reviens au sujet. Il y a d’autres questions à vous poser; De combien d’argent avez vous besoin pour vivre ? Avez-vous besoin de notoriété ?


Bénéficiez-vous d’un mécénat ?

non

Avez-vous des revenus suffisants grâce aux bijoux ?

Je gagne tout juste de quoi vivre

J’ai aussi une foule de questions sur vos oeuvres. D’abord, j’aimerais que vous me parliez de « Liberté », qui me touche beaucoup sans qu’un mot ne puisse me venir…

Que dire ? Quand vous regardez ces tableaux vous voyez à l’intérieur de moi. Moi-même je vois et découvre l’intérieur de moi. Il y a des choses évidentes et des choses que je découvre après coup et même des choses qui me sont dévoilées par le regard d’un autre. J’ai déjà dit que je suis la première nourrie et la première enseignée par mes tableaux. Liberté, c’est le moment de ma vie où j’aspirais et où j’acquis la Liberté. Ce qui est beau c’est que quand c’est fait, dans la matière, c’est fait et qu’après je passe à une autre chose. Et quand c’est fait dans la matière c’est fait en moi aussi. Vous ai-je dit, dans tout cet apprentissage décrit plus haut, que ce que j’apprends c’est apprendre à vivre ? La dame qui a acheté Liberté me disait « ça ne vous peine pas de le vendre ? » j’ai répondu « au contraire je suis ravie qu’il parte dans une autre maison, c’est comme les enfants, c’est la vie des tableaux de partir et puis, vous vous l’achetez, moi je l’ai vécu ».

Quand et où créez-vous ?

Chez moi. C’est pas grand et c’est surtout l’appartement dans lequel je vis. Ce qui est à la fois luxe et difficulté. Luxe car je créé n’importe quand avec une prédilection pour la nuit. La nuit est comme un hors temps, ce qui m’aide à m’extraire aussi, mais l’urgence est aussi un bon déclencheur de création :-). Et difficulté, au niveau des produits chimiques que j’utilise, du fait qu’il n’y a pas de rupture et de moment de détente véritable. Je travaille presque tout le temps, d’ailleurs chez moi il n’y a ni canapé ni chaise ni table pour manger. Il n’y a que des postes de travail. Je vis dans mon atelier et j’ai hâte de vivre dans ma maison et de travailler dans mon atelier. Mais je ne me plains pas, ce sont les conditions que j’ai créées pour pouvoir travailler.


Quelles sont vos sources d’inspiration ?

Impossible de répondre. C’est comme si je n’avais pas de source d’inspiration à l’extérieur de moi mes outils, mes matériaux sont extérieurs mais mon inspiration est de l’intérieur

Passons à votre dernière exposition. Quelle est l’histoire d' »Identification d’une femme » et de ses tableaux ?

C’est ma vie que je peins, regardez mon parcours, « Identification » vous apparaît peut être différemment maintenant. Quand j’ai su que j’allais exposé au Passage c’est à dire fin septembre, j’ai dit à la directrice que je ne mettrais rien de ce qu’elle voyait dans mon book, car je voulais faire des choses neuves. Je n’avais pas créer de tableaux depuis mars, uniquement des bijoux et il était évident pour moi que ce lieu appelé un travail d’aujourd’hui,. Je portais en moi depuis plusieurs mois ces mots et cette notion de « archétype féminin ». Des choses me venaient, vous savez quand vous avez un questionnement ou une préoccupation en vous les infos viennent par différents biais. Moi je tombais sur des mots ou bien on me parlait « fortuitement » de ceci ou de cela, les choses s’unissaient en moi,. Je pensais travailler sur l’archétype féminin à travers la mythologie, la religion, en m’appuyant sur Marseille aussi qui est ma ville de naissance, et ce qui en est sorti c’est … un regard sur moi même, une acceptation. Je suis ma propre mère et mon propre père, j’ai accueilli l’enfant en moi, je me suis ouverte à l’aspect féminin qui m’inspire. Et parce qu’il parle d’une expérience humaine il rejoint les autres humains et l’universel. Tout ça je le dis après, c’est comme une analyse, comme une compréhension et c’est limité à mon propre entendement mais ces tableaux transportent plus de choses.


Je viens du silence, aujourd’hui je suis bavarde mais peut être qu’un jour je retournerai au silence, oui, mais ce ne sera pas le même qu’avant.

Dans mon article sur le vernissage, j’ai écrit que les tableaux d' »Identification d’une femme » étaient des images de multiples facettes d’une femme : songe, amour, foi, quotidien, interrogations … Qu’en dites-vous ?

J’en dis du bien, la perception de ces tableaux est fonction de chacun, je ne peux dire « faux » ou « vrai », je peux dire ce que j’y vois moi, mais je ne m’immiscerai pas dans la vision qu’en ont les autres, c’est personnel et c’est fonction de l’autre.

Je viens de penser à quelque chose. C’est au départ un simple indice sémantique : ce sont des tableaux-miroirs. Est-ce que finalement je ne découvre pas mes propres facettes dans vos miroirs ?

(sourire)

Je ne sais pas si cette question est pour vous ou pour moi…

(grand sourire)

Merci beaucoup !

Je vous ai répondu avec toute la liberté et le temps que j’ai voulu, je comprend que les journaliste veuillent cadrer les interviews maintenant :-). A vous de vous débrouiller avec tout ça. Je crois que je vous ai répondu plus personnellement que je ne l’aurais fait en direct. C’est l’intimité de l’ordinateur et d’être à la maison face à moi-même Et vous voyez c’est comme en peinture, la peinture c’est de l’intimité. Si je relis ce texte je vais penser, est-ce bien ou trop dévoilé ? trop « littéraire » ? pas assez concis ? que va-t-il penser de moi ? est-ce qu’il va apprécier ou va-t-il regretter d’avoir posé ces questions ?… Et comme en peinture, et comme dans la vie, le secret c’est de ne pas penser. Si j’arrive à peindre c’est pour cela, ne pas penser et sauter dans le vide, c’est seulement là que vos ailes s’ouvrent.

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5 commentaires

  1. 14 novembre 2007
    Répondre

    Avant tout, en tant que lecteur, j’aime beaucoup ce principe d’interview par mels interposés. On perd peut-être de la spontanéité, mais on l’aurait de toutes façons perdue à la retranscription. Moi qui suis plus sensible au Beau dans le texte que dans l’image (en général), j’ai été très intéressé par les réponses détaillées (et par les questions aussi, d’ailleurs) que ce type d’échange permet. Moi qui, et tu le sais bien Guillaume, admire la verve et l’éclat de Desproges dans ses envolées les plus lyriques, moi qui admire la simplicité et la force des mots d’Anouilh, moi qui admire enfin la spiritualité misanthrope d’Oscar Wilde, j’ai trouvé que Valérie Gho avait par moment ce genre d’envolées, moins comiques, mais tout aussi prenantes. Il y a quelque chose de beau dans la formulation. Quelque chose que n’aurait pas permis l’entretien à chaud.
    D’ailleurs, il y a un soupçon d’Antigone dans Valérie Gho. Cette façon de se lever un matin (ou de ne pas se coucher un soir) pour affronter sa vie, brute, faire ce qu’on a à faire sans se soucier de ce qu’on devrait faire si on restait comme tout le monde dans les rails. Sans doute aussi cette apparence de femme frêle aux cheveux noirs. Mon analyse ne vaut sans doute pas grand chose, mais au moins elle est positive. En espérant qu’elle ne finisse pas comme Antigone…
    Alors félicitations à tous les deux.

  2. Edena
    15 novembre 2007
    Répondre

    Voilà une interview fort touchante, où l’on quitte les faux-semblants et les vernis du monde électronique pour être face à une essence mise à nu.
    Parce-que ce parcours est celui de chacun, parce-qu’il est si difficile d’accepter la société qui nous abrite et de s’accepter soi-même.
    Pour cette simplicité et cette profondeur, je vous remercie Valérie Gho.

    Guillaume, tu as eu une bien belle idée!

  3. valérie
    17 novembre 2007
    Répondre

    Merci Alex :-) je suis peu cultivée, ce qui n’est pas une tare mais un vieux choix délibéré, alors ils m’arrivent maintenant, en bon temps et bonne heure, ces ouvrages, ces auteurs, ces créateurs et ces oeuvres créées et cela me réjouit.

    J’aime cette idée d’un enseignement non linéaire, d’une logique de la nécessité qui mériterait que l’on laisse chacun prendre ce dont il a besoin au moment où il en a besoin. Et il y a parfois, sur les bancs de l’école, bien d’autres réelles nécessités que l’apprentissage de l’histoire … des autres. C’est ainsi que je vois dans les autres hommes des frères et aucun maître. Maintenant j’ai de la place pour eux puisque j’ai pris la mienne.

    Alors je viens de lire sur Oscar Wilde et je découvre sa théorie sur la critique et la subjectivité et… comme je suis d’accord !
    Alors je découvre Antigone … :-) … j’irai lire l’écriture d’Anouilh pour voir la simplicité dont vous parlez.
    Alors je me souviens de Desproges et si je le lis maintenant… ya pas de mot pour Desproges il n’y a que les siens.

    La vie est magique, en échange et pour n’en citer qu’un, connaissez-vous Krishnamurti "La révolution du silence" ?
    encore merci Alex

  4. valerie
    17 novembre 2007
    Répondre

    …….. Merci……..Edena
    ….MerciEden….merciEden
    .MerciEdenamerciEdenamer
    MerciEdenamerciEdenamerci
    .MerciEdenamerciEdenamer
    …MerciEdenamerciEdenam
    ……MerciEdenamerciEde
    …………..MerciEde
    ……………….M

  5. Edena
    19 novembre 2007
    Répondre

    *restée sans voix et toute émue*

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