Du 2 mars au 23 mai 2011, l’exposition My Way au Centre Pompidou constitue la première rétrospective des oeuvres de Jean-Michel Othoniel depuis 1986.
Après ses premiers travaux photographiques consacrés au thème de l’insuccès, Othoniel a adopté les installations, puis la sculpture, en explorant divers matériaux. D’abord, le soufre qu’il utilise en quantités de plus en plus importantes, pour des moulages (L’âme moulée au cul, 1989) ou des sculptures. Othoniel développera durant les années 90 des séries de sculptures sur le thème des fragments de corps (un de ses motifs privilégiés est le téton qu’il reproduit en grands nombres sur des toiles, des « post-tits », des installations d’anneaux qui préfigurent ceux qui accompagneront les perles à venir) et plus particulièrement des orifices humains : oeil, nombril, bouche (Glory Holes, 1995) mais aussi sexe et anus, avec des formes organiques ambiguës qui voient les premières utilisations du verre de Murano. A ce stade de ma visite, je me suis demandé pourquoi on m’avait parlé de la grâce dans l’oeuvre d’Othoniel, je ne vous le cache pas.
Tout à coup, en passant de la salle 6 à la salle 7 de l’exposition, on aborde le XIXe siècle et on retrouve l’Othoniel des affiches de l’exposition, l’Othoniel de la bouche de métro Palais Royal (Le Kiosque des Noctambules, 2000), l’Othoniel de la grâce et du réenchantement du quotidien (Diary of happiness, 2008 est un boulier/calendrier permettant de qualifier chaque jour comme heureux ou triste pour aboutir à une forme synthétique, à un bilan annuel de bonheur) ou des sujets les plus tristes (Le Bateau de Larmes, 2004). On va même jusqu’à trouver un Othoniel poétique, physique et métaphysique, avec des structures monumentales de perles de verre miroité surdimensionnées, qui reflètent la salle et ses visiteurs et montrent comme un perlage de mondes possibles. Avec Noeud de Lacan, 2009 et Double noeud de Lacan, 2011, on touche même au psychanalytique, en matérialisant le noeud borroméen utilisé par Lacan pour représenter les trois dimensions nouées de l’imaginaire, du symbolique et du réel. Un spectacle final qui donne à penser, heureusement.
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