Après 6 ans de fermeture pour restauration (un plafond s’était écroulé suite à une attaque de champignons), le château de Champs-sur-Marne a enfin réouvert ses portes le 29 juin 2013 !
Depuis sa construction, le château n’a fait que passer de mains bourgeoises à nobles :
Elevé entre 1703 et 1707 par l’architecte Jean-Baptiste Bullet de Chamblain pour le financier Paul Poisson de Bourvallais, il passe, pour cause de plan de rigueur, dès 1718 entre des mains de sang royal, celles de la princesse de Conti, qui s’empresse de le transmettre à son cousin le duc de la Vallière, dont son fils hérite en 1739. Celui-ci y invite notamment Voltaire, Diderot, d’Alembert, Moncrif, mais s’en désintéresse rapidement pour se faire construire un château à Montrouge. Il finit par le vendre en 1763 à l’armateur nantais Gabriel Michel, mais celui-ci décède deux ans plus tard, et sa fille Henriette Françoise, épouse mais séparée du marquis de Marbeuf, en hérite. Elle pourra en profiter jusqu’à ce que son mariage ne la rattrape : elle est éxécutée par le Tribunal Révolutionnaire en 1794. Vendu ensuite par l’Etat au neveu de celle-ci, le château passe par plusieurs propriétaires au cours du XIXe siècle pour, en 1895, enfin !, être racheté par le riche comte et banquier Louis Cahen d’Anvers.
Louise et Louis Cahen d’Anvers, dont les portraits ornent aujourd’hui encore les murs du château, mènent grand train au château et laissent la trace de leur passage dans l’ameublement et la décoration de celui-ci. En 1935, leur fils Charles (re)fait don du château à l’État et lui vend son mobilier, en émettant le souhait qu’il devienne une résidence présidentielle.
Le général de Gaulle fait du château de Champs une résidence pour les chefs d’État en visite officielle en France, et il est ainsi utilisé jusqu’en 1971. Depuis il est affecté au ministère de la Culture, et peut être visité.
Mais ce passé de demeure de chefs d’Etat se double d’une place de choix dans l’histoire du cinéma : le château de Champs-sur-Marne a servi de décor depuis 1937 à près de 80 productions audiovisuelles, notamment pour être filmé en lieu et place de Versailles (pour le Marie-Antoinette de Sofia Coppola par exemple) ou du palais de l’Élysée (pour de fausses scènes présidentielles comme celles des Guignols). Les images qui suivent montrent des plans des Liaisons dangereuses de Stephen Frears tournées à Champs :
85 hectares de parc sont aujourd’hui accessibles gratuitement à la visite, ce que probablement beaucoup de campésiens, et encore plus de parisiens, ne savent pas. Fidèle à celui créé par son ancien jardinier Henri Duchêne, le parc est mixte, avec de grands jardins à la française au pied du château, et autour, de grandes étendues de jardins irréguliers et champs, ainsi qu’un potager. Des statues choisies par les Cahen d’Anvers et deux bassins ornent le parc.
En vous acquittant d’un droit d’entrée de 7.5 €, vous pourrez également visiter l’intérieur du château. Celui-ci reflète les différentes époques qu’il a traversé et ses différents propriétaires. Les boiseries peintes les plus anciennes datent de la construction du château en 1707, certaines ont été repeintes en 1748 de décors de chinoiseries par le deuxième duc de la Vallière. Le faux marbre en stuc et tout ce qui constitue le décor de la salle à manger des enfants a été commandé par la marquise de Pompadour à qui le duc louait Champs de 1757 à 1759. Les soieries et tapisseries sont elles plutôt les reflets des goûts des Cahen d’Anvers.
Vous remarquerez probablement lors de votre visite que les salles de bains sont nombreuses : beaucoup d’entre elles ont été aménagées par Louis Cahen d’Anvers, ce qui fera dire à un de ses amis : « Mon cher Louis… on me dit que vous transformez Champs en station thermale ! »
Enfin, mon petit péché mignon : au cours de ma visite j’ai pu photographier quelques magnifiques bureaux, tous équipés de leurs encriers. Souvenirs des chefs d’Etat qui écrivaient ici de nombreuses missives ?
Un grand merci à Juliette pour son accueil au château !
Ces photos sont magnifiques, elles dégagent un certain romantisme, bravo, quel oeil expert ! quel beau travail, merci