La communauté du pain au beurre

De temps en temps, le samedi ou le dimanche, je vais prendre le goûter, avec un bon bouquin, dans un café de Saint Germain des Prés. Oui, oh, ça va, hein. J’ai mes raisons. Ce café sert un véritable chocolat chaud merveilleux, accompagné d’un petit verre d’eau, et surtout, surtout, propose des tartines de pain accompagnées d’un petit pot de beurre.

Non, je n’ai pas de photo, c’est bon pour votre imagination.

Ce délice a un grand succès. Invariablement, lorsque je ne peux éviter d’avoir des voisins, ceux-ci lorgnent sur mon assiette et me regardent tremper avec délectation le pain beurré dans le chocolat chaud. Et les plus téméraires vont jusqu’à demander « la même chose que le monsieur, s’il vous plaît ».

Il me semble que ce qui fait en partie le caractère extraordinaire de ces tartines, c’est que, si je ne m’abuse, elles n’apparaissent plus sur la carte, mais sont tout de même servies. En fait, je ne regarde même plus la carte, vu que j’entre dans le café pour les tartines beurrées trempées dans le chocolat. Et aussi parce que je sais que l’intérieur est calme et frais. Etrangement, pourtant, nombre de mes congénères choisissent les tables du trottoir, pour avoir une bonne vision du bitume et de la circulation, et avoir trop chaud. Soit.

Parmi les clients éclairés qui s’installent à l’intérieur, j’ai pu observer un autre phénomène intéressant : celui de quelqu’un, venu vers la même heure que moi, installé dans la même zone que moi, la zone calme (mais pas à la table d’à côté, nous sommes entre gens respectueux), et lui aussi avec un livre. Nous avons commandé à peu près en même temps, sans s’entendre mutuellement. Et commandé exactement la même chose. Le chocolat chaud avec les tartines et le pot de beurre.

Ce genre de points communs forment une sorte de communauté assez curieuse, de personnes qui ne se connaissent pas, ne verraient pas nécessairement l’intérêt de se regrouper, mais qui pourtant savent se reconnaitre à un certain nombre de détails, et s’étant reconnus, se tiennent à la distance qui sied à leur occupation, tout en ressentant l’aise d’être parmi des individus qui leur sont imperceptiblement liés. Le seul signe qui transparaît, c’est celui, parfois, d’un léger sourire d’acquiescement, lorsque l’on se croise en sortant du café…

Demain, nous jouerons à un jeu très simple avec un Être imaginaire.

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5 commentaires

  1. 6 août 2009
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    Ah le petit cachotier qui ne divulgue pas ses bonnes adresses pour avoir plus de place à l’intérieur!

  2. 7 août 2009
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    Tu nous fais saliver et ensuite rien, même pas l’adresse. Arf xD

    Le beurre c’est du beurre salé au moins ? :p

  3. 22 août 2009
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    roh bordel c’est inhumain de ne pas mettre l’adresse !

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