Du 18 septembre au 17 octobre 2010, le Petit Palais propose un parcours gratuit dans l’histoire de la peinture, mais sans peinture. Seuls sont présents des dizaines d’écrans plats dont le constructeur est justement à l’origine de la production de l’exposition. Regarder des toiles sur des écrans plats, c’est quand on ne peut plus voir l’Art en peinture ?
Dans l’exposition Révélations, on voit bon nombre de tableaux célèbres. Ou plutôt non, on ne les voit pas vraiment. On s’attendait d’après le titre à ce que, grâce aux possibilités de l’imagerie numérique, on puisse enfin mieux comprendre une oeuvre grâce à des gros plans sur ses détails, comme le montrerait avec génie un Hector Obalk.
Mais malheureusement non. A côté de reproductions imprimées (semble-t-il) sur plastique des oeuvres, dans l’ensemble les écrans promènent sans but leurs cadres sur les surfaces des toiles absentes. Quelques-unes ont le droit à des places privilégiées dans des salles sombres : elles sont affichées sur des écrans dont la technologie étend l’impression visuelle en illuminant leurs bords de la couleur dominante du bord de l’image. Comble de l’enrichissement et de la mise en situation, un système hi-fi accompagne le tableau d’un son judicieusement choisi, comme celui d’un orage pour la Tempête de Giorgione ! En fin d’exposition, on peut mettre des lunettes spéciales pour regarder des tableaux en trois dimensions grâce à la nouvelle technologie des écrans du fabricant sponsor de l’exposition ! D’excellentes mises en valeur des contenants, certes (est-ce le rôle d’un musée de la Ville de Paris ?), mais quelle pédagogie autour des contenus ?
Vous l’aurez compris, je suis vraiment sceptique face à cette initiative du Petit Palais. La « Révélation » n’opère, en partie, que sur quelques tableaux où l’on fait par exemple apparaître successivement les éléments constitutifs, ou alors où l’on prend une position habituellement impossible par rapport à l’oeuvre. Mais il aurait fallu un accompagnement parlé, qui a déjà fait ses preuves à la télévision ! Le sponsor fournit des télévisions, alors pourquoi ne pas en avoir tiré parti pour construire un vrai reportage audiovisuel sur les oeuvres ? A minima de la pédagogie, le zoom à haute définition sur les oeuvres serait devenu très attractif s’il était déplacé à la main sur un écran tactile. Voilà ce que j’aurais attendu :
On va peut-être me faire remarquer qu’il n’est pas très « bien » de se plaindre d’une exposition gratuite. Je réponds que la gratuité ne doit pas être une excuse pour ne pas accompagner ses visiteurs. Même si elle n’a pas sa chronique ici, j’avais été charmé par l’exposition Yves Saint-Laurent. Et devant Révélations, je dois admettre que j’ai été déçu.
Petit Palais
Avenue Winston Churchill
75008 Paris
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