Super-Computer-Romantics, Matt Pyke & friends, à la Gaîté lyrique

Du 21 avril au 27 mai 2011, les espaces d’exposition de la Gaîté lyrique hébergent Super-Computer-Romantics, des oeuvres et installations originales du créateur de vivant digital, on dit plutôt de motion design, Matt Pyke.

La force des espaces d’exposition de la Gaîté lyrique, c’est d’avoir poussé les limites technologiques pour donner aux artistes numériques une liberté de création difficilement atteignable ailleurs, dans des volumes et une ambiance sonore qui permettent de faire ressentir aux visiteurs une sensation d’immersion digitale.

Matt Pyke et ses amis de la société Universal Everything proposent des oeuvres qui exploitent ces possibilités : sur le mur qui fait face à la mezzanine, la vidéo Supreme Believers met en scène des acteurs qui, tels des héros de la Horde du Contrevent, évoluent devant nous dans une lutte contre le vent et le son :

Au sous-sol, The Transfiguration est une marche anthropomorphe et polymorphe à la fois, où l’accent est mis sur la synesthésie de la texture et du son :

The Transfiguration

Everywhere est un grand monolithe noir dans lequel on passe la tête pour découvrir un autre monde aux dimensions infinies (un clin d’oeil au monolithe de 2001, Odyssée de l’Espace, la forme géométrique abstraite comme seule symbole non ridicule d’une porte vers un ailleurs ?) :

Everywhere

Pour vous laisser le plaisir de la découverte je ne vais pas tout révéler, mais j’insiste tout de même pour que vous voyiez Communion dans la petite salle : vous serez enveloppés, petits humains fades, dans une transe guerrière, un rite, un affrontement entre peuples numériques qui contaminent, vibrent, envahissent les murs autour de vous et vous laissent une étrange impression de fête macabre à la fois dérangeante et attirante.

Communion

Face aux oeuvres de Matt Pyke / Universal Everything, on se trouve gênés au moment de porter un jugement esthétique. Prouesse technologique : assurément. Dépendance au lieu d’exposition : finalement assez légère, puisque de l’ordre de la projection. Messages portés par l’oeuvre et revendiqués par l’artiste : principalement, donner un caractère vivant, sensible, à l’image numérique. Dans les oeuvres exposées on voit principalement comment la facette technologique de cet objectif est abordée, et l’on constate qu’elle fonctionne à l’émerveillement de croire voir vivre le digital puisque justement il est, pour jouer sur les mots, analogique : c’est une réalité numérique copiée, une analogie de la réalité. La facette philosophique de l’objectif de réalité simulée est laissée de côté, le commentaire ne s’attache qu’aux qualités plastiques. Matt Pyke s’interroge-t-il sur son art ? Pourtant, celui-ci invite à essayer de se situer face aux oeuvres, à essayer de situer la réalité virtuelle et plus particulièrement la simulation d’avatars entre une extrémité de l’ordre de la distraction et du jeu vidéo, et l’autre de l’ordre de la recherche et de la neuroscience. La création numérique ne viserait-elle pas justement à faire se rejoindre ces extrémités dans une boucle ? Je suis persuadé que ce socle théorique de l’art numérique est formulable, je regrette que peu d’artistes le formulent. Ce qui est certain, c’est que j’aimerais lorsque je vois de l’art numérique de cet ordre, et c’est peut-être justement ce que l’on attendrait d’un commissaire d’exposition d’art contemporain, qu’il jette des ponts vers les interrogations que les oeuvres sous-tendent.

Et voilà, je me suis encore emporté. En bref, c’est neuf, ça laisse des impressions, mais on, ou du moins je, cherche une pensée à associer aux stimuli visuels et auditifs, même (et surtout ?) si l’artiste ne l’a pas prémédité. Et qu’on ne me sorte pas déjà la rengaine de l’Art pour l’Art, c’est encore un peu tôt pour un art si jeune et qui se crée un langage, vous ne trouvez pas ?

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