The Matrix comme happening artistique

Je me souviens de la sortie de Matrix, c’était au moment où je finissais une année dans une troupe de théâtre. Tu t’en souviens, Pouicky ? C’était la nuit, on discutait avec nos camarades de la troupe, et nous étions près d’une affiche de Matrix. Matrix, à l’époque de sa sortie, a divisé le monde en deux : ceux qui ont compris et ceux qui n’ont pas compris. Je fais partie de ceux qui ont compris et adoré. Mais 8 ans après, je viens de m’apercevoir que je suis passé à côté de plein de significations de symboles, de situations du film.

Matrix Core

D’abord, j’ai parcouru les messages du newsgroup alt.movies.the-matrix. J’y ai lu pas mal de threads avec des questions métaphysiques sur certains points précis du film. Exemples : « Pourquoi Neo ne peut-il pas échapper à l’homme du train ? » : 45 messages. « Que se passe-t-il entre le moment où l’Elu relance la matrice et son recommencement ? » : 61 messages. On y atteint des problèmes plus généraux comme : « si tu es capable d’imaginer un univers complet avec ses habitants, son climat, … cet univers existe-t-il à l’intérieur ou à l’extérieur de ton esprit ? »

Puis j’ai découvert l’analyse très détaillée de Rafik Djoumi sur Matrix-Happening. Déjà, honte à moi, je n’avais pas repéré que le livre où se trouve la disquette au début est de Baudrillard. La thèse défendue par Rafik Djoumi c’est que Matrix, plus encore qu’un film, est un happening, avec beaucoup de messages sous la surface. Je n’ai que commencé la lecture de ses pages, mais ça méritait largement que j’en parle tout de suite. Bonne lecture ! Après, comme moi, vous voudrez revoir Matrix !

(image : Pixelsior)

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9 commentaires

  1. 21 juillet 2007
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    En ce qui me concerne, The Matrix avait été pour moi une vraie révélation et avait suscité pas mal de réflexions (initiées par l’adolescence dans laquelle je me trouvais à l’époque). Des questions typiques du style : « Le monde n’existe-t-il qu’à travers la perception que l’on en a ? » et par conséquent « Evoluons-nous tous dans notre propre univers ? ». Ces questions qui aboutissent parfois, lors des périodes moroses, à des pensées du style « Je suis le monde. Si je meurs, je l’emporte avec moi. ».

    Pour ma part, je n’ai jamais considéré que le film The Matrix, ses prétendues suites ne m’ont marqué qu’en temps qu’échec cinématographique.

    Cependant, à la grande époque des Paradistes réunis, The Matrix était tout simplement grandiose !

  2. 24 juillet 2007
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    Mon premier visionnage de Matrix a débouché sur une pensée qui devait ressembler à : "mais pourquoi les gens ont-ils dit qu’ils n’avaient rien compris?".
    Ensuite, la réflexion première est de se demander "y a-t-il une différence entre le monde recréé par la Matrice et les robots et le monde réel dans lequel les humains servent à fournir de l’énergie?" Et oui, c’est bien ça, le monde, non? Chacun dans sa niche a travailler pour que l’ensemble fonctionne. Au profit de qui? Bonne question.
    Reste la question finale, la plus importante de toutes. Pourquoi ces caractères verts sur fond noir? Quel informaticien serait assez malade dans sa tête pour travailler avec des caractères verts sur fond noir? Le premier qui me dit que ce sont les machines qui s’en servent retourne dans son placard. Les machines n’ont pas besoin d’écran, aux dernières nouvelles.

  3. 24 juillet 2007
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    Pouicky >> Mon intérêt pour ces questions a subitement repris avec ma découverte de la thèse soutenue par Baudrillard dans Simulacres et simulation : notre société a remplacé la réalité par des symboles et des signes, et ce que nous connaissons n’est qu’une simulation de la réalité, une « image intérieure résiduelle » qui déforme la réalité et qui résulte de notre interprétation de symboles. Un ami, John, m’en a donné un exemple flagrant ce week-end, en parlant des années 60. On a généralement une vision des années 60 légère, joyeuse, insouciante, multicolore, si on devait la décrire on parlerait de juke-boxes, de Cadillac, et de bananes à la Fonzie. Alors que les années 60 étaient essentiellement une période extrêmement tendue diplomatiquement (crises des missiles de Cuba, assassinat de Kennedy) voire une période de guerres (Vietnam, Algérie), et une période socialement difficile : peu de gens pouvaient s’offrir des automobiles, …

    Alex >> Une des nombreuses astuces des frères Wachowski est en effet d’afficher clairement un message pour mieux le cacher. Alors que le discours de Morpheus sur l’exploitation des humains par les machines, ou celui sur les éléments du système dans la scène de la femme en robe rouge concernent officiellement la Matrice, on peut les transposer directement comme message adressé au spectateur au sujet du « système » dans lequel il vit lui aussi.

    A noter, j’ai appris hier que Baudrillard avait déclaré que Matrix n’a rien à voir avec son oeuvre. Du coup j’ai d’autant plus envie de la lire pour toucher du doigt la présence ou l’absence de lien, et donc savoir s’il y a snobisme, ou refus de la vulgarisation d’une théorie bien plus vaste de la part de Baudrillard.

  4. 24 juillet 2007
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    Alex >> J’oubliais. L’utilisation des écrans monochromes vert et noir est en effet louche. Elle a pourtant une origine : les premiers moniteurs monochromes étaient en vert sur fond noir. Du coup, il y a toujours eu une certaine mode, pour la création de sites Web ou de thèmes de bureau, du vert et noir, pour faire roots. Mode vivement relancée par Matrix, d’ailleurs. Mais en effet, le problème dans Matrix c’est que leurs écrans monochromes vert et noir sont des écrans plats, et que dans le monde réel l’année est 1999 ;-) Par contre tu remarqueras qu’ils ont aussi d’autres écrans de bien meilleure qualité, comme celui utilisé pour le programme de l’entraînement au combat, ou ceux permettant de visualiser l’état de santé de Neo.

    Par contre, j’avoue, j’utilise quotidiennement et intensivement une console texte full-screen en blanc sur noir :-)

  5. flo
    24 juillet 2007
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    Guillaume >> Le problème de se représenter une époque (comme les années 60 par ex) que l’on n’a pas sois-même connue est fascinant je trouve.
    Et la difficulté est évidemment d’autant plus présente que l’on remonte loin dans le temps.
    C’est tout le problème de l’Historien en fait.
    Tout le monde connait l’Egypte ancienne par divers symboles: pyramides, sphinx et compagnies… Mais personne n’est en mesure de savoir réellement ce que les gens de cette époque pensaient ou comment ils voyaient et percevaient leur propre monde…

    Comment réagirait Homère s’il voyait le film "Troie" avec Brad Pitt à moitié à poil ? (l’exemple est mal choisi puisqu’il était aveugle…). Si ça se trouve, Hollywood est complètement à côté de la plaque (très probablement d’ailleurs….).

    Tout ça pour dire, que non la réalité virtuelle n’est pas apparue avec le jeux video, elle est apparue dès lors que l’Homme a eu un cerveau pourvu de la capacité d’imagination.

  6. flo
    24 juillet 2007
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    Désolé, j’ai un peu dévié du thème Matrix qui est au demeurant un excellent film, hautement métaphysique.
    Et surtout, Matrix nous change des trucs genre star wars, qui sont, alors là pour le coup, pas du tout subtiles… mais bon, il faut de tout.

  7. 24 juillet 2007
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    flo >> Ah mais ne t’excuse pas, ton commentaire était très intéressant ! D’ailleurs ça m’a rappelé la réflexion que je me suis faite en regardant Alexandre, hier soir : pourquoi dans le film, le philosophe enseigne-t-il aux enfants au milieu de … ruines et autres colonnes blanchâtres écroulées ?

  8. 30 juillet 2007
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    flo>> Je ne pense pas qu’Homère serait particulièrement choqué de voir des gars gigoter à moitié nus. Ils étaient vêtus simplement, à l’époque. Quelques siècles plus tard, les acteurs de la comédie grecque jouaient souvent nus. Pour ceux qui ont deux heures à accorder à la lecture, je conseille la lecture des Acharniens d’Aristophane. En plus d’être drôle et loufoque, c’est édifiant sur la façon de vivre à l’époque.

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