Du 29 juin au 5 septembre, le Jeu de Paume accueille l’exposition Feux de camp de Bruno Serralongue, une centaine de clichés qui posent la question de la représentation de l’information.
Dans une ère où nous nous trouvons à la fois submergés par un océan d’informations et entourés par un désert de sens, Bruno Serralongue se place volontairement, non pas face à aux faits eux-mêmes, mais à leur périphérie. Dans l’ensemble des dépêches, les rédactions sélectionnent celles qu’elles vont mettre en avant ; dans les articles des rédactions, il sélectionne les événements qui l’intéressent et qu’il pourra photographier. Il traitera donc d’informations qui ont déjà une couverture médiatique… généralement bien homogène, bien uniforme.
La méthode que je mets en place […] ne renvoie pas au sujet de l’image – qui est souvent identique pour l’amateur et pour le professionnel – mais à sa fabrication – qui est toujours unique et signe vraiment l’image.
L’exposition présente les thèmes récurrents de l’oeuvre de Bruno Serralongue, autour de la notion de communauté. De la Rencontre Internationale pour l’Humanité et contre le Néolibéralisme au Sommet Mondial sur la Société de l’Information, en passant par les manifestations des ouvriers de New Fabris ou les spectateurs français du concert de Johnny Hallyday à Las Vegas, Bruno Serralongue photographie l’action collective et produit des clichés qui, s’ils ne sont pas voués à devenir des images historiques (pensons à l’homme de Tian’anmen), restent des documents historiques, pour l’artiste, « relatifs et ambigus ». Je vous laisse avec deux citations sur les media d’aujourd’hui, leur puissance, et l’éventuel moyen de les côtoyer…
« Nous ne sommes plus les téléspectateurs critiques, ce qui supposerait encore un espace d’intelligence et une distance. Nous ne sommes plus dans la société du spectacle, dans la mise en scène, dans l’aliénation par les écrans, etc. Nous ne sommes plus devant une scène, nous sommes en réseau, nous sommes le réseau. L’hégémonie actuelle de la puissance médiatique est telle qu’il n’y a plus de domination par le spectacle, mais une espèce d’homogénéité tentaculaire, même pas impérialiste. Et nous sommes immergés dedans. Nous sommes dans l’écran mondial. Notre présent se confond avec le flux des images et des signes, notre esprit se dissout dans la surinformation et l’accumulation d’une actualité permanente qui digère le présent lui-même. » — Jean Baudrillard, in Le Monde daté du 28 mai 2005
« Don’t hate the media, become the media. » — Jello Biafra, chanteur punk, 2000
Feux de camp, de Bruno Serralongue
Jeu de Paume
1, place de la Concorde
75008 Paris
Prix d’entrée tarif plein : 7 €
« Dans une ère où nous nous trouvons à la fois submergés par un océan d’informations et entourés par un désert de sens… » : Mais c’est excellent !
Une question en découle :
Quelle est la différence entre un « océan désertique » et un « désert océanique » ?