Doisneau, Paris Les Halles, à l’Hôtel de Ville de Paris

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Du 8 février au 28 avril 2012, l’Hôtel de Ville de Paris propose une nouvelle exposition gratuite, consacrée au récit de la vie (et de la mort ?) des Halles par Doisneau. 200 photos de génie pour une histoire déchirante.

A la vue de l’histoire racontée par l’exposition, celle de la vie du marché des Halles, de la destruction des pavillons pensés par Baltard, et enfin la délocalisation du marché vers le grand cube déshumanisé et tristement efficace de Rungis suivie de la construction du forum, on ressent la tristesse de Doisneau, la souffrance d’une ville qu’on a amputée de son ventre. Le marché des Halles c’était une vie non-stop, des cafés et restaurants ouverts vingt-quatre heures sur vingt-quatre, une fin de semaine festive et arrosée, un marché de la nourriture mais aussi de l’emploi, un monde en miniature où se côtoyaient bouchers, fleuristes, porteurs de marchandises, clients, clochards, prostituées, religieuses, …

A la fin des années 60, le marché devenant trop grand pour les seules Halles, plutôt que de le repenser en le considérant comme un organe vital de la ville, on l’a tué, on a construit à sa place le forum des Halles, profond tombeau commercial aux plafonds bas et aux enseignes bien délimitées. Sans convivialité.

Robert Doisneau révèle les vies de ceux qui faisaient les Halles et de ceux qui y venaient. Par les titres humoristiques de ses photos il ranime un peu de l’humour qui devait régner sur les zincs où l’on venait commander son jambon-beurre, cet humour qui devait panser la blessure bien profonde qu’évoque bien le photographe dans ses rares textes, le mépris des urbanistes :

Des techniciens se sont penchés sur le problème des Halles de Paris.
Des hommes malins, urbanistes, politiciens, financiers.
Se sont penchés, c’est à dire ont regardé de très haut s’agiter les petites gens.

Car qu’on ne s’y méprenne pas : en 1950 comme en 2012 les fins de mois ont toujours été difficiles, et surtout à partir du 5. La seule différence entre les deux pour les Halles, c’est le froid assassinat de l’esprit, l’éxécution méthodique de la convivialité, la standardisation hygiéniste d’une population qui naguère avait du caractère.

Tout n’est pas encore perdu, il suffit de se promener la nuit sur les bords de Seine pour s’en convaincre. Des bords de Seine qu’on n’aimerait pas voir transformés en routes, mais bien rendus aux parisiens, soit dit en passant. Restons vigilants. Toi aussi, lectrice, lecteur, efforce-toi de faire revivre le Paris d’avant, le Paris des romans, ou le Paris de tes rêves. Ca ne coûte pas bien cher, et on pourra alors encore longtemps faire vivre à beaucoup de parisiens de naissance ou d’adoption des expériences qui deviendront des livres, des photos, des toiles, …

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