Art District, la galerie d’art du Royal Monceau, ouvre ses portes au public avec, du 11 mai au 25 juin 2011, , une exposition d’oeuvres d’art contemporain du collectif russe AES+F rassemblées sous le titre The Feast of Trimalchio, une relecture version palace et 2011 du Satyricon.
Depuis l’ouverture de la nouvelle version du palace de l’avenue Hoche, on attendait avec impatience celle de sa galerie d’art, annoncée pour le printemps 2011. C’est chose faite depuis le 11 mai : dans une architecture intérieure à mi-chemin entre le white cube et la friche de style Palais de Tokyo, elle accueillera une programmation continue d’expositions ouvertes gratuitement au public du mardi au samedi de 11h à 22h par une entrée au 41 avenue Hoche, séparée donc de l’entrée de l’Hôtel (au 37) par la boutique Le Royal Eclaireur qui ouvrira prochainement au 39.
Connaissez-vous le Satyricon ? C’est un roman satirique… dont on ne sait finalement pas grand chose de sûr. On ne sait pas trop quand il a été écrit, à quelle époque se passe le récit, on ne sait pas vraiment qui l’a écrit non plus, et il ne nous en reste que des fragments. On ne peut même pas se fier tout à fait au titre, qui aurait tout aussi bien le droit d’être Satiricon. Une sorte de satire avec des satyres qui se déroule dans une Rome décadente où Trimalcion, un ancien esclave, affranchi, nouveau riche, organise un opulent festin.
De quoi donner l’idée au célèbre groupe d’artistes contemporains russes d’en faire une relecture en costumes d’aujourd’hui… la décadence à nouveau, symbolisée par un palace sur une île consacrée au loisir ? Autour d’une pièce centrale sous la forme d’une vidéo de 68 minutes, l’exposition déploie des Allégories et un portfolio, celui des photos prises séparément pour ensuite recomposer par superposition sur un fond virtuel les Allégories. La vidéo est à différencier d’un film : elle est recomposée à partir de 75000 stills, on a véritablement affaire à une succession photographique qui introduit des cassures dans le mouvement naturel, comme pour nous mettre en présence d’automates aux postures antiques, qui jouent un drôle de jeu : les clients et le personnel du palace jouent leurs rôles puis les inversent dans une ambiance à la fois de combat et d’orgie suggérée, où chaque continent prend tour à tour l’avantage… la version AES+F de la colère de Priape pour avoir servi de l’oie sacrée au restaurant ?
Une oeuvre qui remet en question les rôles de maître et esclave en les plaçant sous la forme de clients et personnel dans un hôtel luxueusement décadent, le tout dans la galerie d’un palace parisien, c’est un choix osé, décalé et (donc ?) efficace, une inauguration de galerie qui place en tout cas la barre très haut pour la suite !
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