Dans Quelques nouvelles de l’homme, recueil de nouvelles publié à la rentrée littéraire 2009, Eric Faye trace dix itinéraires d’hommes et de femmes qui fuient ou tentent de fuir.
Dans une librairie, le rayon occupé par la rentrée littéraire (NDB : billet écrit il y a quelques mois…) est une explosion de couleurs. Livres de toutes les tailles, de toutes les couleurs et de toutes les textures, bandeaux criards vantant les pedigrees des auteurs. Ne manquent plus que des autocollants « Vu à la TV ». Discret dans cette débauche d’effets, le livre des éditions José Corti est noir et blanc.
Dix nouvelles d’Eric Faye, qui nous donnent, comme l’indique le titre du recueil, des nouvelles de l’Homme, un Homme qui en général est en fuite. Le premier gagne à la loterie un billet pour un pays en théorie idyllique (même s’il n’est a priori peuplé que de gagnants à la loterie), mais sans sa famille. La deuxième pense à tort être la seule à ne plus supporter son quotidien et à vouloir le fuir, malheureusement le chemin de l’Ailleurs est en rouge d’après Bison Futé. Le troisième se retrouve par un malheureux hasard enfermé dehors, et en profite pour s’offrir une soirée d’observation de sa vie sans lui. Le quatrième lui ne fuit pas, c’est un mot qui lui échappe. Pour le cinquième, c’est le temps qui s’est enfui, mais malheureusement il est horloger. Le sixième ne part pas très loin géographiquement, mais fuit quelques jours dans la vieillesse. Le septième part tout simplement en vacances, dans les années 70. Le huitième vit dans un monde globalisé, et a la nostalgie des frontières. Le neuvième c’est Dieu, qui est bien embêté, puisqu’il se voit obligé par ses supérieurs de rendre sa franchise. La dixième, enfin, acquiert un bijou mystérieux, fait d’une pierre qui vient de partout et de nulle part, d’avant et d’après.
Les nouvelles de Faye nous emportent comme du Borges en instillant un soupçon de fantastique là où la routine se changerait en tristesse. On regrettera seulement, parfois, dans les premières nouvelles du recueil, qui sont aussi les plus récemment écrites, des hétérogénéités dans l’écriture, des effets incongrus, qui font décrocher le lecteur du pourtant si irrésistible chemin à travers ces lignes… de fuite.
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