#MuseumWeek, numérique et service public

Depuis ce lundi, beaucoup d’institutions de la culture ou du patrimoine sont très présentes sur Twitter à l’occasion de l’édition 2016 de #MuseumWeek.

Puisque je suis depuis des années un grand nombre de ces institutions, cet événement représente l’essentiel de mon flux Twitter, et je sais qu’il représente un enjeu et un temps investi loin d’être négligeable pour les équipes chargées de la communication numérique dans les musées.

Aussi, j’ai cherché à me mettre à leur place. Si je consacrais une semaine, voire plus en comptant la préparation des contenus, à une telle opération en ligne, je me demanderais à qui je m’adresse, qui lit réellement le contenu que j’ai produit et fait produire. Je chercherais à me donner un bilan de l’utilité/l’efficacité/l’efficience/le résultat/l’effet de cet investissement de mon temps professionnel, voire personnel. Qualifier par exemple si j’ai touché de nouveaux publics, quantifier le nombre d’échanges et le comparer à ce qu’il était l’année précédente à la même période, ou à ce qu’il était avant la #MuseumWeek. Par exemple.

Et au bout de mon idée, ce que je voyais, c’était la possibilité pour cette communauté de se donner collectivement un outil descriptif, des méthodes d’analyse permettant dans un premier temps d’évaluer les effets de leur investissement dans une opération, et dans un second temps de pouvoir faire évoluer les opérations récurrentes, de les personnaliser ou d’en créer de nouvelles.

J’ai donc posté un message sur la page Facebook du groupe MuzeoNum (pendant du wiki http://www.muzeonum.org/) :

Amis musées,

Une question me taraude chaque année face à MuseumWeek (mais pourrait autant me tarauder pour d’autres événements) :

Quel est le ROI de MuseumWeek ? Le mesurez-vous ?

Il ne s’agit peut-être pas d’un ROI immédiat en termes d’entrées, il s’agit peut-être d’un ROI sur un terme plus lointain et en termes de reach de la présence du musée sur le net…

Quelles métriques avez-vous pour estimer des effets multi-critères d’événements… voire pour qualifier/quantifier a posteriori l’intérêt d’une MuseumWeek ou d’une autre campagne ?

Et si un jeu de métriques n’existe pas à ce jour concernant la MuseumWeek, est-ce qu’il ne serait pas intéressant qu’un certain nombre d’institutions partage des chiffres, ou éventuellement seulement des statistiques d’évolution ?

Histoire que la communauté muséale ait une idée claire de l’intérêt d’une telle opération et ne le fantasme pas.

C’était la réflexion du soir, mais peut-être que ces évaluations existent déjà. Si c’est le cas je suis preneur !

A cette question j’ai eu plusieurs réponses. On m’a rappelé un projet prometteur d’outil statistique, avancé et hélas abandonné, il y a plusieurs années. Puis je pense que mon message a été l’objet d’un quiproquo qui a réveillé une forme de résistance face à ce qui aurait été compris comme une volonté d’évaluer la rentabilité immédiate des activités des équipes numériques dans des institutions de service public.

Un mea culpa d’abord. J’ai fait l’erreur d’utiliser un peu rapidement le terme de ROI que j’entendais dans un sens global : attirer de nouveaux profils de visiteurs numériques, avoir plus d’échanges avec eux, pourrait en être un. Heureusement, je l’ai nuancé immédiatement après l’avoir introduit.

J’aurais peut-être dû utiliser d’autres termes moins associés aux enjeux financiers des institutions… même si ils sont bien là.

Ce que mon message a touché

Mon message a touché sans le vouloir à trois points névralgiques : la notion de service public, la place des activités numériques dans la culture (encore jeunes par rapport aux échelles de temps de ce secteur), la pression financière grandissante sur les institutions du fait de la baisse des financements publics.

Que se passe-t-il ? La raréfaction des fonds publics met une pression générale sur les établissements. Elle force les institutions à faire des arbitrages dans ses missions de service public. Parallèlement à tout ce que des arbitrages peuvent comporter de stratégie et d’image, ils reposent généralement sur des indicateurs de résultats.

Et comme cela a été très bien dit, le numérique connote la possibilité de la mesure, si trompeuse qu’elle puisse être. Mais c’est aux artisans du numérique qu’il revient d’expliquer ce qui des chiffres fait sens.

Au-delà donc de mon intérêt personnel de mesure de l’effet de mes actions, projeté à la place des chargés du numérique dans les musées, se trouve un véritable enjeu de plus en plus présent. Je pense qu’un outil comme celui que j’ai mentionné en creux, s’il venait des artisans du numérique eux-mêmes, ne serait pas du tout l’outil d’évaluation qui vient d’en haut et sanctionne, mais celui qui vient d’en bas et prouve, illustre, explique.

Maintenant, pour poursuivre la question, ce qui me semblerait intéressant, ce serait que les chargés du numérique du secteur culturel ayant des pratiques existantes d’analyse des effets de leurs campagnes puissent en parler, les décrire, les partager, identifier des besoins communs et des manques.

(En aparté : Dès qu’un besoin métier aura été défini, les outils informatiques et mathématiques existent, plus qu’on ne le croit, et leur mise en oeuvre est certainement intéressante. Un écueil serait de commencer par s’extasier devant la magnificence de ses techniques et de chercher ensuite les intéressantes questions métiers permettant de les appliquer.)

Bon, on s’y met ? Qui vient ? Si 6 chargés du numérique dans des institutions se manifestent, on fait un barcamp de 2h ?

Deux références qui m’ont été citées

  1. Analyses quantitatives et catégorielles des tweets émis dans le cadre de l’évènement #MuseumWeek2015 : https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-01217118
  2. Trois idées reçues sur le numérique au musée : https://dasm.wordpress.com/2014/04/30/trois-idees-recues-sur-le-numerique-au-musee/

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14 commentaires

  1. 4 avril 2016
    Répondre

    Salut Guillaume,
    Nous avions avec Antoine Courtin écrit un article à quatre mains sur ce genre de thématique si cela t’intéresse sur l’édition 2014 : http://culture-communication.fr/fr/petit-bilan-de-la-museumweek/
    Je sais que cet article n’a pas plu à certains mais nous avons fait de l’analyse de données récoltées via l’API.
    Je serai enchantée d’en savoir plus sur les résultats que tu auras trouvés pour cette édition.
    Très belle soirée,
    Aude

    • 5 août 2016
      Répondre

      Great common sense here. Wish I’d thuoght of that.

    • Another fantastic Katwise coat, you are on a roll Loran soon you will have one in every shade!! You suit this look very much and your photo’s set the scene perfectly.

    • ja mysle ze nagrody zostaly sprawiedliwie rozdane, jedynie mam zastrzezenia w stosunku do akademi (?) za pominiÄ™cie Jazmine i Beyonce, powinny dostac chociaz po jednej. Ne-Yo jak najbardziej slusznie. Whitney Houston powinna dostac nagrode za to ze wyszla ;). Krolowa widac wraca do formy :)

    • 26 novembre 2016
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      If your articles are always this helpful, « I’ll be back. »

    • What a great interview – thank you for all of the advice! I am so sorry to hear that your agency switched to form letters. A while back, I queried a project to Mr. Cirone, and he wrote me such a detailed reason for his rejection that I actually deleted and reordered several chapters in my memoir before submitting it to others, and started blogging to try and build a platform. His thoughtful words were much appreciated. What a shame others ruined it for all of us. (I heard there’s a new book out about that sort of thing…)

  2. Florian Laffore
    20 mai 2016
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    Mais merde, j’ai rien compris….

  3. 20 mai 2016
    Répondre

    Vous n’avez pas compris l’article sur Carpewebem ou le mien sur Culturecom ?

  4. Florian Laffore
    20 mai 2016
    Répondre

    L’article de Carpewebem. Mais il était tard, ce doit être probablement dû à ça…

  5. Florian Laffore
    20 mai 2016
    Répondre

    Avouez qu’une suite de questions courtes comme « se mesure-t-il ? Faut-il ? A-t-on le droit ? Comment ? » peut surprendre le non érudit.

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