La critique de l’école des objets d’Alexandre Singh, au Palais de Tokyo

Du 22 avril au 19 juin 2011, le Palais de Tokyo donne enfin la parole aux ready-made en accueillant l’oeuvre d’Alexandre Singh, La critique de l’école des objets, une installation sous forme de pièce de théâtre dont les comédiens sont des objets.

Daphné du Saut, Slinky aux couleurs affriolantes, avec l’aide de son assistante Penny Léger, jeune sculpture informe, invite chez elle une petite société d’amis : Osmin Moïse et Lucien de Samosate, deux lecteurs de cassettes aux opinions opposées sur l’art, Sergueï Skoffavitch, bouteille d’eau de Javel coureur de jupons, et Despina Hall, grille-pain qui a tendance à s’échauffer rapidement et à fumer de colère.
Ils parlent de l’art en général et de L’école des objets, une exposition qui ne montrait que des objets sur des socles, et sur laquelle leur avis est plus que partagé. Nous avons donc affaire à une oeuvre d’art qui se charge elle-même de sa critique ! Parlant d’art, ils abordent rapidement le sujet de la vie, la leur et celle des humains. Tout comme dans une discussion entre humains mondains, certains pontifient, méprisent leurs (dis)semblables qui ressassent des poncifs préfabriqués par la culture de masse, mais certaines de leurs remarques, venant d’objets, font mouche, trouvent une efficacité qu’elles n’auraient pas eu dans la bouche d’un comédien en chair et en os.

Au delà de l’oeuvre, le spectacle des visiteurs mérite aussi commentaire. La « scène » n’est pas fermée au public qui a le droit d’y déambuler. Pourtant, la majorité des visiteurs, moi y compris, respectent le code du théâtre : on ne marche pas sur scène pendant la représentation. D’autres n’hésitent pas et s’installent sur scène, voire se couchent sur la moquette qui recouvre le sol. Mais tous regardent les objets lorsqu’ils sont éclairés et prennent la parole. Et sans comédiens, sans jeu de scène, on se prend au non-jeu, on rit même, et on reste pour la petite heure que dure la pièce. A la fin, un malaise : applaudir ? Applaudir qui ? Lors du vernissage, des applaudissements, lors d’une visite suivante, pas d’applaudissements. On applaudit, parfois, au cinéma : il n’y a pourtant pas d’acteurs présents, seulement leurs images en mouvement. Question, question. Les visiteurs sortent silencieux, pensifs, et se dirigent vers le bureau des médiateurs en sortant. Ils ont besoin d’en parler. C’est beau.

Des extraits de La critique de l’école des objets sont à écouter sur France Culture : 1 2 3 4 5

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