Absence/présence de la matière

Je n’avais pas spécialement prévu de retrouver une écriture associée à l’actualité des expositions, mais j’ai accepté l’invitation à une visite guidée par le commissaire de l’exposition « Séoul Paris Séoul » au musée Cernuschi, dans lequel je n’étais jamais entré malgré mes années de chroniques culturelles.

J’étais venu curieux et sans aucune connaissance sur l’art contemporain coréen. Organisée à l’occasion de l’année de la Corée en France, l’exposition « Séoul Paris Séoul » montre une sélection, forcément partielle et partiale comme le souligne le commissaire, d’artistes coréens ayant travaillé ou travaillant toujours en France.

Ce choix d’œuvres représentatif d’une scène plutôt abstraite m’a beaucoup plu, ce que j’ai confié au commissaire à la fin de la visite. Jamais il ne m’avait été donné de voir dans une exposition autant d’œuvres d’artistes qui portent leur intérêt sur plusieurs des questions qui éveillent ma curiosité : la matière et ce qu’elle peut, le processus mécanique ou manuel, l’outil et ce qu’ils peuvent, avec une touche supplémentaire de calligraphie qui ne pouvait que me parler.

(Et pourtant je ne me sens pas du tout attiré par la démarche du mouvement Supports/Surfaces… j’ai quelque chose à creuser.)

J’ai passé sous silence dans cette liste l’importance dans l’exposition du symbolisme élémentaire de chaque matière et du rôle du tableau comme microcosme : celui-ci se réalise en particulier dans le dernier tableau que vous verrez si vous visitez l’exposition.

On ne peut certainement pas résumer l’art contemporain coréen à ces quelques préoccupations, et même pas ses courants abstraits, mais elles semblent structurantes. On assiste à une métamorphose, à des entrelacements entre d’une part une esthétique et des pratiques traditionnelles, une influence de la pratique picturale chinoise, et d’autre part la marque des recherches des écoles abstraites occidentales, vers une identité coréenne indéniable.

Comme toujours, je cherche quelles lectures pourraient éclairer et poursuivre ma visite. J’ai d’abord, en pleine visite, pensé à ma propre référence en termes de recherche sur la matière et le procédé, Simon Hantaï. Le livre qui vient alors à l’esprit est L’ Etoilement de Didi-Huberman. Mais on est alors uniquement du côté des recherches occidentales. Du côté des origines traditionnelles, je découvre, en me documentant pour écrire sur « Séoul Paris Séoul », un ouvrage de François Jullien dont le titre seul présage bien : La grande image n’a pas de forme. Je l’ajoute à la longue liste de livres qui me tentent et que je risque d’acheter compulsivement !

D’autres références à me conseiller ? Vos réactions ou impressions à me confier ?

Crédits image : BANG Hai Ja (1937 – ) / Naissance de lumière, 2014 / 128,5 x 128 cm – pigments naturels sur papier / © Bang Hai Ja/Jean-Martin Barbut

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