Un Soir, un Musée, un Verre, le SMV, qu’est-ce que c’est ?

On m’a demandé de présenter les rendez-vous « Un soir, un musée, un verre », d’expliquer ce qu’ils m’apportent et apportent aux autres participants. Mais rendons d’abord à César : c’est à Kristel Fauconnet et Laurent Albaret que l’on doit d’avoir eu cette idée géniale et lancé ce phénomène, merci à eux !

Le SMV, qu’est-ce que c’est ?

Le concept d’ « un Soir, un Musée, un Verre » est simple : c’est, chaque semaine, un rendez-vous pour une nocturne de musée, après laquelle nous discutons autour de verres. Et ceux qui veulent rester plus longtemps enchaînent sur un dîner. Chaque semaine, c’est donc un événement Facebook auquel chacun est libre de s’inscrire : museogeek, historien d’art, amateur, curieux… ou blogueur :-) Certains commentent leur visite sur Twitter, certains en font un article de blog, et tout le monde en parlera, de vive voix, autour de lui.

Depuis le premier organisé au mois d’août 2011, c’est à ce jour plus de 60 #SMV (le petit nom pour Un Soir, un Musée, un Verre) qui se sont organisés pour plus de 60 semaines, et… quelques #SMVwe : c’est la même chose mais le week-end, en début d’après-midi, pour les musées qui n’ouvrent pas en nocturne. Appelez-les si vous voulez « Un Samedi, un Musée, un Goûter ».

La fréquence des SMV surprenait au départ, semblait invraisemblable. Non, ce n’est pas le premier jeudi, le troisième mercredi ou le dernier vendredi du mois, et oui, il est pratiquement impossible d’y aller à chaque fois. Pourtant, tout ce qui fait le succès (ne boudons pas notre plaisir) du SMV, c’est justement ce rythme. Vous ne pouvez pas venir cette semaine, ou l’expo ne vous tente pas ? Ce n’est pas grave, le rendez-vous est pris pour la semaine suivante ou celle d’après ! Pas de contrainte, pas de culpabilité, le SMV marche à la liberté. C’est ainsi que chaque semaine depuis plus d’un an, de cinq à quarante personnes se sont retrouvées, et c’est une communauté bien plus large encore qui s’est formée, d’amateurs de visites augmentées à la passion et à l’amitié.

Tout ça n’a pas échappé aux musées, et le groupe est maintenant suffisamment légitime pour avoir été contacté par plusieurs musées qui nous invitent à leur rendre visite, pour avoir pu profiter de visites commentées pour l’occasion, et même, récemment, le musée de la Marine a ouvert spécialement pour proposer au groupe SMV une visite de l’exposition Phares guidée par son commissaire !

Que se passe-t-il dans les coulisses du SMV ?

Derrière les événements hebdomadaires, un groupe Facebook est dédié aux rouages de l’organisation et permet de discuter, de planifier. Les participants les plus acharnés au cours de cette première année sont naturellement devenus des co-organisateurs, comme votre serviteur. Aujourd’hui nous sommes sept (@krismkrolls, @laurentalbaret, @mcdfrago, @meribs, @comcomclaire, @jandcross et moi), de profils différents, avec des rôles qui se dessinent, le SMV prenant de plus en plus d’ampleur, le bouche à oreille ayant fait son effet, nous devons combler les attentes de nos invités et même les dépasser ! Pour ma part, aimant à rencontrer et faire rencontrer tous et chacun pour parler et faire émerger des idées, et voulant faire de mon « réseau » un bon usage, je m’occupe des relations publiques :-)

Et toi, qu’en penses-tu ?

Essayons de prendre un peu de recul sur le phénomène. Le SMV naît dans un contexte de réticence des visiteurs face au musée qui, si l’on passe sous silence les problématiques de coût prohibitif des entrées dans certains lieux, relève d’une différence de dynamiques. Devant ce constat, certains s’attaquent aux institutions. Ils leur demandent de changer, de changer vite, de se mettre au diapason d’un monde qui a adopté les codes de l’information dispensée à tout instant et sans effort, du spectateur qui zappe de plus en plus vite. Enormément d’informations sont disponibles certes, mais j’ai toujours envie de questionner leur stabilité dans l’esprit de ceux qui surfent sur elles sans passer suffisamment de temps à les fréquenter, à remonter à leurs sources, à construire des ponts. C’est pourtant là que les musées, les conservateurs, les commissaires d’exposition excellent, et il faut savoir en profiter, même s’il existe très certainement des champs d’amélioration et/ou de renouvellement de la médiation que beaucoup de professionnels, mais aussi que certaines équipes de projets comme Museomix adressent.

Le SMV ne vient pas révolutionner le musée, il vient offrir aux visiteurs un rapport au musée transformé, facilité, lui montrer qu’il est libre de sa démarche, qu’il est à l’initiative de ce qu’il peut apprendre, qu’il peut être surpris, qu’il peut découvrir un sujet de passion. Il n’est plus question de s’astreindre à une mission d’érudition, à un devoir culturel si difficile qu’on s’enorgueillira de l’avoir accompli. Non, il s’agit de remettre l’expérience muséale dans le contexte où elle s’est trouvée et dans lequel elle devrait toujours être, celle d’un moment de convivialité, de confrontation d’idées et d’interprétations, de rencontre d’autres individualités qui nous enrichissent.

Toutes les visites sont différentes. D’un SMV à l’autre il y a des musées et des expositions pour tous les goûts : du classique et du décalé, de l’historique et du contemporain, de l’accessible et de l’élitiste. Allons au musée comme nous allons au théâtre, et allons boire un verre ensuite avec ceux qui nous accompagnent. Le SMV, c’est un art de vivre l’art !

On vous attend !

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34 commentaires

  1. 21 juin 2012
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    Beau point de vue socio-politico-culturel ;o)

    J’avoue que pour moi le SMV doit aussi sa réussite aux gens qui le composent, en ce sens que ce sont des amateurs (au sens connaisseurs non savants) et des professionnels de l’art qui s’y retrouvent. Pourtant, ce n’est pas une communauté qui se retrouve autour des enjeux professionnels mais bien autour de ce qui réunit tout ce beau monde à la base : l’amour de l’art (ou plutôt du musée) dans toutes ses composantes.

  2. 21 juin 2012
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    art de vivre l’art, des visites augmentées à la passion, l’amour de l’art ! bref le #SMV à lire article de @carpewebem http://t.co/RR2jCCSp

  3. 21 juin 2012
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    Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les #SMV sans jamais oser le demander http://t.co/44J8MDyV par @carpewebem #Musées #Visites

  4. […] SMV pour un Soir, un Musée, un Verre Le collectif de SMV vous propose de visiter les expositions d’une façon plus collective et conviviale. Près de 50 expositions et lieux ont d’ores et déjà été investis par le groupe pour des découvertes en nocturne. Hebdomadaires et sans inscription, ces rendez-vous culturels se finissent toujours bien autour d’un verre. http://carpewebem.fr/un-soir-un-musee-un-verre-quest-ce-que-cest-pourquoi/ […]

  5. […] Cet article de l’INRIA m’a semblé intéressant à mettre en valeur ici, peu pour son contenu mais par son inscription "dans l’air" des questions que l’on se pose actuellement dans les milieux culturels tournés "res numerica". La preuve par les deux articles relatifs à la 3DS de Véculture ou encore de l’article que l’on peut lire sur Carpe Webem. […]

Répondre à Laurent Albaret (@laurentalbaret)

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