Tim Burton à la Cinémathèque française

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[NDLR : Nous accueillons aujourd’hui avec grand plaisir Alice Martel, qui a assisté à la présentation à la presse de l’exposition et nous offre sa critique de l’exposition. Retrouvez la sur Twitter : @stylegenre !]

Fantastique, gothique, onirique, enfantin, décalé, poétique… d’inévitables adjectifs pour évoquer le cinéma de Tim Burton, réalisateur américain devenu populaire avec des films tels qu’ Edward au mains d’argent, Beetlejuice, Big Fish, Sweeney Todd, Charlie et la chocolaterie… mais aussi grâce à ses films d’animation : L’étrange noël de Monsieur Jack, Les Noces funèbres, et le prochain Frankenweenie. Du 7.03.12 au 5.08.12, la Cinémathèque française lui rend hommage et nous dévoile 700 dessins, photographies, figurines, maquettes, qui constituent la trame de son univers cinématographique.

Tim Burton, Sans titre (Doodle Pad Series – Série de gribouillages sur bloc de papier). 1989–1993. Encre et crayon de couleur sur papier, 43.2 x 61 cm. Collection privée © 2011 Tim Burton

Comment muséaliser l’œuvre d’un cinéaste ? Eh bien, par chance, Tim Burton est avant tout dessinateur. Pour cet homme qui se dit peu loquace, le dessin est le langage premier, naturel. Il dessine constamment, sur tout ce qui lui tombe sous la main, oubliant la technique pour mieux laisser libre cours à son imagination. Différentes influences se font sentir dans ses croquis : guignol, pop surréalisme, gothique, expressionnisme allemand, école Disney, Roald Dahl… Les personnages qu’il invente sont des anti-héros, des marginaux attachants, des freaks dont il révèle la part d’humanité. Le recueil de poèmes illustrés La triste fin du petit Enfant Huître nous en avait donné un premier aperçu lors de sa parution en 1997. C’est d’ailleurs l’un de ses personnages, « l’Enfant Tâche », qui illustre l’affiche de l’événement.

Si l’exposition fait la part belle aux dessins de Burton, elle n’oublie pas d’évoquer l’aspect protéiforme de sa créativité : dès l’entrée, on plonge dans l’ambiance burtonienne à travers une série de grands polaroids surréalistes ainsi que d’étranges peintures phosphorescentes sur velours noir.

Tim Burton, Sans titre (Fille bleue avec crâne). 1992–99. Polaroid, 83,8 × 55,9 cm. Collection privée © 2011 Tim Burton

L’exposition déploie ensuite une collection impressionnante de dessins, de maquettes, d’accessoires et d’extraits de films. Les commissaires de l’exposition ont joué les archéologues dans les archives personnelles de Tim Burton et dans les institutions qu’il a fréquentées pour retrouver ces œuvres « qui n’étaient pas destinées à êtres montrées ». Ils ont relevé le défi d’y mettre de l’ordre grâce à d’habiles sections thématiques. Les textes sont courts et pertinents, ils parviennent à accompagner cet univers tout en piquant notre curiosité. Une épaisse moquette rouge rend le chemin joyeux et souligne l’exubérance des œuvres.

Seul bémol : les cartels, souvent placés trop bas, sont difficiles à lire, surtout en période d’affluence. Et le succès à venir de l’exposition ne fait aucun doute ! Pour les fans de Tim Burton, la visite sera aussi délicieuse qu’un bonbon croqué le soir d’Halloween, entre rires et effroi.

À Burbank, où j’ai grandi, la culture des musées n’existait pas (…) Je m’occupais en allant voir des films de monstres, en regardant la télévision en dessinant, ou en jouant au cimetière du coin. Plus tard, quand j’ai commencé à fréquenter les musées, j’ai été frappé d’y retrouver une atmosphère semblable à celle des cimetières. Pas parce qu’ils sont morbides, mais parce qu’il y règne un calme à la fois introspectif et électrisant : l’excitation, le mystère, la découverte, la vie et la mort réunies en un même lieu. C’est pourquoi, après tant d’années, faire l’objet d’une exposition (…) revêt pour moi une signification toute particulière.

(Tim Burton, extrait du catalogue de l’exposition.)

N.B. : Créée à New York avant de voyager à Melbourne, Toronto et Los Angeles, l’exposition montre à Paris quelques exclusivités : une série de serviettes en papier sur lesquelles Tim Burton a pris l’habitude de dessiner au cours des repas avant de les offrir à ses amis ; des maquettes et dessins de ses deux prochains films, Frankenweenie et Dark Shadows.

Le programme des projections, conférences, visites est à retrouver sur le site de l’expo Tim Burton.

Alice Martel

Alice Martel est une jeune diplômée de l’Ecole du Louvre en Histoire de l’art, Muséologie et Médiation culturelle, spécialisée en Art contemporain. Munie de stylos et carnets Muji, elle se promène dans les lieux culturels en portant une attention particulière à la place des publics et aux apports des nouvelles technologies. Vous trouverez traces de son travail au Palais de Tokyo, au MAC/VAL, à La maison rouge, à la Cité Nationale de l’Histoire de l’Immigration… Suivez-la sur Twitter : @Stylegenre.

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