Odilon Redon, prince du Rêve au Grand Palais

Du 23 mars au 20 juin 2011, les Galeries nationales du Grand Palais hébergent une rétrospective de l’oeuvre d’Odilon Redon (1840-1916), qui dans une époque marquée par le naturalisme a peint l’imaginaire et le subconscient, devenant une des figures d’inspiration des débuts de l’art moderne.

Redon.eye-balloon

Odilon Redon se fait d’abord connaître pour ses Noirs, des lithographies et fusains représentant des images macabres, des paysages lacustres peuplés d’êtres difformes mais pas repoussants. Les oeuvres d’Odilon Redon s’organisent rapidement en séries dont l’inspiration lui vient de ses lectures et amitiés artistiques (Poe, Flaubert, Gauguin, Goya) et dont les thèmes naissent de son imagination. Souvent, on y retrouve des formes sphériques qui semblent symbolier la vie : oeils, soleils, visages sphériques, ballons.

Odilon Redon - Chimäre

Odilon Redon n’illustre pas les oeuvres littéraires pour lesquelles il réalise ses séries : ses oeuvres sont des interprétations, des transmissions imprégnées par son imaginaire et ses autres influences, comme la théorie de l’évolution de Darwin.

Et l’homme parut, interrogeant le sol d’où il sort et qui l’attire, il se fraya la voie vers de sombres clartés.

Redon smiling-spider

L’oeil est le symbole de la vie, l’homme est à la mesure du monde : la fleur a un oeil (Les Origines, 1883), l’oeuf dans son coquetier a des yeux (L’Oeuf, 1885), l’araignée a même un visage humain (L’Araignée souriante, 1889).

Dans mon rêve je vis au ciel un VISAGE DE MYSTERE
La FLEUR du MARECAGE une tête humaine et triste
Un FOU dans un morne paysage
Il y eut aussi des ETRES EMBRYONNAIRES
Un étrange JONGLEUR
Au réveil j’aperçus la DEESSE de l’INTELLIGIBLE au profil sévère et dur

Le premier étage de l’exposition se termine par des oeuvres en couleur, et en particulier ses figures de Bouddha (1905) et du Christ (1907), dans des couleurs surnaturelles, vives et brûlantes.

Redon.bouddha

On débarque au rez-de-chaussée sur une telle surprise que l’on se prend à vérifier que l’on ne s’est pas perdu. Toute la salle en bas de l’escalier est couverte… de natures mortes de pots de fleurs ! Absourdi, on entre dans la salle suivante pour y trouver une reconstitution de la salle à manger du château de Domecy, dont la décoration fut commandée à Redon. Celui-ci, dans le plus pur esprit japonisant alors à la mode, couvre la pièce de panneaux de fleurs. A ce stade, j’ai pressé le pas. Après une telle force poétique, surnaturelle, sombre, fantastique, tout ce réalisme coloré m’était insoutenable. La dernière salle voit quelques retours, en couleurs vives, des thèmes d’Odilon Redon…

Odilon Redon - Feldblumen

Malgré cette fin d’exposition qui demande explication, la première partie justifie la visite, les textes d’accompagnement sont présents en débuts de séries seulement et s’effacent pour laisser la place aux légendes écrites par Odilon Redon, et pour laisser le visiteur pénétrer dans l’univers de l’artiste.

A lire pour poursuivre l’exposition, le roman A rebours de Joris-Karl Huysmans, dont un extrait est consacré à Odilon Redon. Pour rester dans l’époque et suivre le fil des influences, ce roman est justement présent dans l’oeuvre d’Oscar Wilde, le livre à reliure jaune de Dorian Gray étant, on le suppose, A rebours.

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Un commentaire

  1. 21 avril 2011
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    J’ai comme l’impression que nous avons vécu la même exposition….un univers fascinant et fantastique au début puis cette interrogation « mais suis-je toujours dans la même expo ? », une immersion de pastels dans la salle à manger et enfin un retour à l’admiration dans la dernière salle…

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