Grignan : le festival, et Tchekhov !

Du 7 au 11 juillet 2010, à quelques kilomètres d’Avignon qui fêtait le théâtre, le village de Grignan fêtait la littérature épistolaire avec son festival de la Correspondance.

Suite et fin aujourd’hui du récit de mon week-end à Grignan organisé par La fille qui fait des bulles et offert par Durance, les 10 et 11 juillet. Chacun des cinq blogueurs invités avait la liberté, grâce à nos gentils et infatigables organisateurs, d’aller voir les lectures et rencontres qui lui plaisaient le plus.

Nous nous sommes tous rendus à la lecture-spectacle du texte de Denise Chalem : « Paris 7ème, mes plus belles vacances », dont le rôle principal est interprété par l’auteur elle-même. La lecture-spectacle est un exercice particulier : les comédiens sont en costume et entourés de décors, mais portent leur texte avec eux et le lisent, ce qui donne assez naturellement, par moments, une impression très jouée. Le lien physique avec le texte empêche donc un peu le comédien dans son jeu de scène : là encore l’exercice montre son exigence. Mais passées les premières minutes d’adaptation, en tant que spectateur on entre très bien dans le dialogue. Le texte est fort, très fort, voire difficile pour ceux dont le vécu les rend particulièrement concernés par le sujet abordé.

Le lendemain matin, j’avais choisi d’assister à une rencontre avec Virgil Tanase, ancien doctorant de Roland Barthes (Roland Barthes !) en sémiologie du théâtre, biographe de Tchekhov et metteur en scène de ses pièces, auteur lui aussi. Un vrai spécialiste de Tchekhov venu nous parler de sa vie au travers de sa correspondance, notamment avec Maxime Gorki, dans une rencontre animée par la délicieuse mais non moins talentueuse Karine Papillaud.
Ecouter Virgil Tanase procure le grand plaisir de nous rendre Anton Tchekhov si proche et vivant qu’on aimerait le lire, voir ses pièces sur le champ, les faire connaître à un bien plus grand nombre de lecteurs et spectateurs. Pourquoi, dès qu’un auteur est réputé comme difficile d’accès, n’est-il pas présenté sur les grandes scènes populaires ? Pourtant lire ou voir Tchekhov n’a rien de rebutant, au contraire on se laisse emporter dans son oeuvre théâtrale. Même si celui qui creuse un peu y trouvera l’essence même du théâtre, un jeu ayant éliminé l’acte dramatique pour atteindre des personnages réalistes, complexes dans leur apparente authenticité et simplicité, seulement des personnages, sans volonté de leur imposer un sens (ni une signification, ni une direction !). Et bien pire que la relative absence de Tchekhov des planches, certains esprits extravagants évoquent l’idée d’ « adapter » Tchekhov dans des versions simplifiées, « au goût du jour ». Mais AU SECOURS ! Lecteurs, allez-vous accepter le nivellement par le bas ?

Evidemment, pour me faire mentir, la Comédie Française a donné du 22 mai au 16 juillet Les Trois Soeurs. Mais cela reste ponctuel face à tous les Molière et Beaumarchais…

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