Cristóbal Balenciaga, Collectionneur de modes, aux Docks

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Du 13 avril au 7 octobre 2012, le musée Galliera propose une nouvelle fois des expositions hors de ses murs (il réouvrira au printemps 2013). C’est aux Docks, cité de la Mode et du Design, que se pose l’équipe d’Olivier Saillard, pour nous faire entrer dans la collection de mode de Cristóbal Balenciaga.

J’ai parlé dans l’article précédent de l’exposition Comme des Garçons – White Drama. Avec le même billet, vous pourrez visiter l’exposition consacrée à Balenciaga. Avant même d’entrer dans l’exposition, le nom seul fait rêver. Passionné par la mode du XIXe siècle, virtuose de la dentelle et de la soie noires, Cristóbal Balenciaga a été au cours de sa carrière de plus en plus en décalage avec la mode portée de son vivant. En 1968, n’y tenant plus (visualisez la mode de la fin des années 60, visualisez les créations de Balenciaga, comprenez), il ferme boutique. Balenciaga deviendra ensuite, après sa mort qui advient 4 ans seulement après la fin de son activité de haute couture, une marque de prêt-à-porter.

L’exposition montre ses créations et ses inspirations dans une scénographie qui passe volontairement à côté du vêtement comme expression naturelle d’un corps/esprit, pour montrer un vêtement-archive. L’exposition est ainsi toute en tiroirs métalliques et casiers d’aluminium, dans une salle en friche. Depuis la construction du Centre Pompidou, il semble que les centrales de traitement d’air et les tuyaux de ventilation apparents soient des plus trendy. Ajoutez à cela une lumière blafarde qui, se reflétant sur les plaques d’aluminium, est à peu près ce que l’on peut imaginer de pire pour faire apprécier la coupe des robes aussi bien que leurs détails de fabrication. L’explication de ce choix n’est peut-être pas à chercher très loin. Deux pistes. Dans toutes les expositions hors les murs du musée Galliera, j’ai retrouvé un souhait de s’intégrer, de s’adapter au mieux au lieu hôte. Dans l’immense container sur le bord de la Seine que constituent les Docks, il y a peut-être en effet quelque chose comme une esthétique du stockage à chercher. Mais je suis un peu impertinent : je vois une autre piste dans une ébauche de psycho-sociologie du commissariat d’exposition de mode. Lorsqu’il s’agit de montrer l’oeuvre d’un couturier, peut-être que les commissaires et le milieu des commentateurs et des visiteurs les plus éclairés souhaitent de plus en plus que l’on sorte de l’exposition-type « oh, la belle robe ». Même si en général le public, lui, ne s’en lasse pas. Le titre est explicite et la présentation de l’exposition ne laisse aucun doute sur le rôle d’archiviste qu’a endossé Olivier Saillard pour son commissariat.
Reste que, tout de même, quand une robe en broderie anglaise est à plat dans un tiroir éclairé et à demi ouvert, on a quand même franchement l’impression de se trouver devant une dépouille sortie des couloirs réfrigérés d’une morgue. Quand on aime le XIXe siècle et surtout le voir vivant, quand on réussit à imaginer toutes ces robes portées, ça fait mal au coeur.

Note : Les textes sont particulièrement bien écrits, mais on regrette l’absence d’une médiation un peu plus pédagogique, ne serait-ce que pour expliquer les nombreux termes de couture dont le sens ne va pas de soi. Non, tout le monde ne sait pas ce que c’est que de la guipure. Wikipédia : « Sorte de dentelle de fil ou de soie où il y a de la cartisane. ». Je suis bien avancé, je cherche cartisane : « Petit morceau de carton fin autour duquel on a tortillé du fil, de la soie, de l’or ou de l’argent et qui fait relief dans les dentelles et dans les broderies ».

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4 commentaires

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