2062 à la Gaîté Lyrique

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Du 1er février au 25 mars 2012, la Gaîté Lyrique pose une question : qu’ont en commun des sacs de couchage boulottant une poubelle, un prototype de skateboard à lévitation, des micro-fermes urbaines, un robot trader rétro et un service web qui conserve des e-mails pour les envoyer plus tard ? C’est 2062.

L’institution qui se propose d’explorer les (r)évolutions numériques propose en effet de découvrir une sélection de projets, artistiques ou non, relevant plus ou moins de visions du futur. Au sous-sol, les oeuvres du collectif Pleix posent quelques questions, notamment autour de la mutation des espèces (Hybrid, 2012) et de l’existence centrée sur le numérique (Family shades, 2012).

A l’étage du dessus, on trouve Saudade du Futur, un projet de NoDesign qui prend la forme d’une courte et peu lisible rétrospective de l’histoire de la technologie (la taille et le type de police de la frise sont très mal choisis), continuée par une prospective sur les innovations à venir. Une (une !) oeuvre évoque l’impact potentiel de cette évolution technologique sur la société : Les Misérables par les Editions du Livre Public, qui proposent en 2042 une nouveauté sur le marché. Des livres papier, qui sont donc durables, solides, fiables, ne consomment pas d’énergie, ne proposent pas de personnalisation ni ne tracent l’utilisation qu’en fait le lecteur et les autres livres qu’il lit pour lui en conseiller qui devraient lui plaire.

En montant d’un étage encore, on trouve des micro-fermes qui s’annoncent comme une forme d’agriculture urbaine au goût post-apocalyptique. Autour, on a disposé des chambres à air qui semblent être destinées à faire office de sièges. Cela me laisse bien songeur. Est-ce une référence à un futur tel que celui de Mad Max 2 ? Cela ne doit pas être de la provocation d’un goût discutable comme celle des chambres à air de Museomix, vu que nous ne sommes pas dans un musée. Reste l’explication que l’humanité, après avoir atteint des sommets de confort dans les derniers siècles, ait entamé une chute commençant avec les fauteuils de plastique de la deuxième moitié du XXe, pour finir dans des chambres à air en 2062 ?

Enfin, au dernier étage, des dispositifs permettent d’envoyer des traces de soi dans le futur, et des machines rétro figurent des robots traders qui analysent et enregistrent les flux financiers à la manière de sismographes attendant une catastrophe (RYBN – ADM.9).

J’ai été déçu par cette proposition : la Gaîté Lyrique a déjà su montrer qu’elle était capable de mieux. Bien sûr, on peut trouver des projets intéressants dans 2062. Ce qui me gêne, c’est l’impression que la Gaîté a fait un appel à manifestations d’intérêt, qu’elle a sélectionné les projets qui lui semblaient les plus sympas, et a fait 2062. Il y manque une trame qui articulerait et justifierait l’agencement de ces projets artistiques et technologiques. Non, là, j’ai un peu l’impression d’avoir vu non pas une exposition mais un Pinterest. Signe des temps ?

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